On le sait, le bonheur est désormais obligatoire... Las, dit la chanteuse, nous, les femmes, avons une fâcheuse tendance à le chercher essentiellement dans l’amour ! La fil du spectacle est là. Hélène Delavault va le tisser avec la désinvolture et la finesse, le charme et la précision de la grande professionnelle qu’elle est. On l’avait déjà vue au Lucernaire l’année dernière dans Un Soir à Montparnasse, elle y revient avec Heureuse ?. Et notre plaisir est le même.Le plaisir de retrouver une cantatrice qui joue de sa voix sans effort et une comédienne qui s’amuse sur scène. Et puis, il y a l’intelligence de son répertoire, une vingtaine de titres. Avec des classiques comme Mon Homme à qui elle donne une nouvelle couleur ou le désopilant Mariage mondain qu’elle "enlève" si bien, comme me souffle ma voisine ravie. Avec des trouvailles telle cette fort belle chanson de Jonasz, J’vieillis, où la chanteuse se révèle très émouvante – et précédant la chanson, un texte de Mme de Lambert de 1732, sur les avantages de la vieillesse qui enfin nous affranchit de l’opinion d’autrui... Car Hélène Delavault aime autant les mots que la musique et la soirée est piquetée de délectables citations. Elle est d’ailleurs aussi auteure. Citons une bien réjouissante Vie pas rose de la Belle au bois dormant harcelée par son chevalier et qui ne rêve que d’une chose : dormir. Ou bien une Ode à la chute de reins (les siens !) mise en musique par son compère le talentueux musicien, Cyrille Lehn.Fantaisie, drôlerie, grain de folie, autant de qualités dont elle fait depuis longtemps profiter les auditeurs de France-Culture dans l’émission Des Papous dans la tête. Mais attention ! La dame peut aussi être grinçante. Elle surprend son public, béat et conquis, en finissant son spectacle avec un texte de M. Mac-Nab, proche du cauchemar, sur ces fœtus dans le formol, ni nés, ni morts... peut-être le secret du bonheur ! Allez champagne...