Un quatuor à cordes – formation souvent considérée comme la plus pure et savante expression de notre musique érudite occidentale – qui s’invite dans un spectacle hip-hop, la rudesse d’un sport de combat soudainement chorégraphiée et contemplative ou encore des gants de boxe sanglants qui s’érigent comme des marionnettes pour enfants, voilà quelques une des métamorphoses artistiques réalisées par Mourad Merzoki dans Boxe boxe.Le sport de haut niveau est souvent dénigré par le monde de l’art. Ce dernier serait l’apanage du goût exquis alors que le premier correspondrait à une glorification futile du corps donc avilissement de l’esprit : lecteurs de L’Equipe qui entrez dans les théâtres ou salles de spectacles parisiens, cachez ce journal que l’on ne saurait voir...La compagnie Käfig souligne au contraire les nombreux points communs qui peuvent exister entre l’art et le sport. N’oublions pas que dans les deux cas, il s’agit de permettre à un acteur de montrer son savoir-faire devant un public. Le doute, le trac et les questionnements qui peuvent habiter un comédien et un sportif sont souvent de même nature. Sa solitude aussi : observez donc le danseur-boxeur seul en scène frapper toute son énergie, sa rage et son espoir dans un sac de boxe !La verve comique n’est pas pour autant absente du spectacle. Son représentant principal est le garant du respect des règles : l’arbitre. Il provoque le rire par le contraste de son costume rouge et noir en forme de potiron et son agilité de danseur hip-hop.Un des autres points forts est l’intégration de la formation musicale dans cette chorégraphie débridée. Le quatuor Debussy n’est pas enfoui dans une fosse d’orchestre ou caché quelque part sur le bord du plateau avec comme seule fin d’accompagner les images en nous faisant entendre du Ravel, du Schubert ou du Górecki. Non, il fait partie intégrante du mouvement scénique orchestré par Merzoki. Debout, marchant ou assis sur des sièges soit fixes, soit mouvants, ses quatre représentants errent comme s’ils figuraient les âmes des boxeurs.Notons également que le Théâtre national de Chaillot propose de nombreux événements autour des spectacles qu’il organise. A l’issue de la représentation Boxe boxe, un atelier d’une heure était organisé avec un des danseurs de la compagnie Käfig (danseur patient et excellent pédagogue). Cela a permis aux enfants et adultes de se familiariser avec quelques pas de danse. Cela a surtout permis de prolonger tout le plaisir que les spectateurs ont pu ressentir pendant le spectacle !