Le Gorille
de Alejandro Jodorowsky, Franz Kafka
Mise en scène de Alejandro Jodorowsky
Avec Brontis Jodorowsky
"Tous les individus d'une espèce diffèrent au moins légèrement, et que seule une partie de ces individus réussit à se reproduire, seuls les descendants des individus les mieux adaptés à leur environnement participeront à la génération suivante. Ainsi, comme les individus sélectionnés transmettent leurs caractères à leur descendance, les espèces évoluent et s'adaptent en permanence à leur environnement", d'après le livre L'Origine des espèces de Charles Darwin.
Le gorille est un animal intelligent et imprévisible. Au Lucernaire, le public assis le découvre descendant les quelques marches accédant à la scène. Au passage, il en profite pour serrer quelques mains à des gens installés ici ou là. Aussitôt monté sur scène, il se rince le gosier en attrapant une bouteille posée sur un pupitre, ingurgite une boisson couleur grenadine et crache d'un jet le tout dans un coin. Pouah !Ce gorille se présente à la salle élégamment vêtu d'un costume trois-pièces, les chaussures rutilantes. L'allure simiesque, il salue l'assistance avec la dévotion et le respect des grands hommes. Les portraits noirs et blancs d'illustres hommes de sciences trônent sur d'imposantes affiches accrochées sur le mur du fond.Brontis Jodorowsky, incarnant le gorille, dresse une éloge toute particulière à Charles Darwin, naturaliste anglais du XIXe siècle. Ce célèbre biologiste a longtemps parcouru le monde pour étudier dans ses moindres détails l'espèce animal. Ses travaux relatifs à la théorie de l'évolution ont été adoptés par la communauté scientifique internationale.L'adaptation d'Alejandro Jodorowsky, d'après une nouvelle de Frantz Kafka, présente à sa façon la mécanique de la biodiversité ; celle qui consiste à démontrer que si l'homme descend du singe, le singe peut développer des capacités inverses.C'est avec un certain humour que Brontis Jodorowsky singe cet animal durant toute la représentation. De sa capture à l'enfermement dans une cage à barreaux, du voyage en bateau où l'équipage le considère en complice de beuverie jusqu'au débarquement sur le port d'Hambourg, les mimiques et gestuelles sont omniprésentes. Qui est le plus gorille entre Brontis et l'animal qu'il incarne ? Jusque dans le regard, les yeux roulent comme seuls savent le faire les gorilles quand la colère les gagne.Bête de foire au départ, il est aussitôt remarqué par un manager de cirque qui essaie de lui apprendre les bonnes manières. Par exemple, serrer la main droite s'avère un véritable apprentissage. Le langage, c'est au contact des hommes qu'il parviendra à décrocher un bonjour guttural. Lentement, la mutation du gorille en homme s'opère. La société du tous les jours ne le remarque pas. Dans la rue, il déambule comme ses homologues hommes, s'arrête devant les vitrines, s'affaire dans les magasins, fréquente les bars. L'amour par contre, il faut savoir gérer les élans.Le jour où l'identité d'homme lui est officiellement reconnue sur papier, le gorille se sent un autre... homme. Désormais, sa nouvelle condition lui permet de ne plus appréhender les codes sociaux et civiques qui alternent son quotidien. Apprendre, s'instruire sont nécessaires à son évolution. Des diplômes, il en obtiendra à la coudée ou au porte-monnaie. Peu importe. Il s'est complètement fondu dans ce monde humanisé jusqu'à se marier avec une gourgandine qui n'en voulait qu'à ses biens.L'ex-bête des forêts africaines spécule de l'argent, beaucoup d'argent. Voilà une matière qui prête à considération dans les hautes sphères. Promu à un grade honorifique
à l'Académie, il le refusera. C'est alors que la remise en question due à sa mutation d'animal en homme produit en lui un effet come-back ; doutes et questions le tenaillent. Il regrette amèrement le temps où il pouvait se délecter d'un fruit frais ou prendre un plaisir bestial à introduire une congénère.L'adaptation d'Alejandro Jodorowsky pose la question sur les fondements de la conscience humaine. L'homme cherche constamment à progresser, une quête d'ambition strictement personnel. Evoluer jusqu'à transgresser les codes sociaux qui l'entoure, jusqu'à dénigrer son entourage immédiat. L'homme d'aujourd'hui manque de considération, oublie d'où il vient... voilà quelques milliers d'années antérieures. Brontis Jodorowski souligne avec justesse et délicatesse, rigueur et absurdité la manière dont l'homme se conduit dans le monde et s'éconduit des autres à ses risques et périls.Le Gorille, le style épuré de Kafka ne laisse pas indifférent au travers de cette brillante composition
familiale père-fils, Alejandro et Brontis Jodorowski.
à l'Académie, il le refusera. C'est alors que la remise en question due à sa mutation d'animal en homme produit en lui un effet come-back ; doutes et questions le tenaillent. Il regrette amèrement le temps où il pouvait se délecter d'un fruit frais ou prendre un plaisir bestial à introduire une congénère.L'adaptation d'Alejandro Jodorowsky pose la question sur les fondements de la conscience humaine. L'homme cherche constamment à progresser, une quête d'ambition strictement personnel. Evoluer jusqu'à transgresser les codes sociaux qui l'entoure, jusqu'à dénigrer son entourage immédiat. L'homme d'aujourd'hui manque de considération, oublie d'où il vient... voilà quelques milliers d'années antérieures. Brontis Jodorowski souligne avec justesse et délicatesse, rigueur et absurdité la manière dont l'homme se conduit dans le monde et s'éconduit des autres à ses risques et périls.Le Gorille, le style épuré de Kafka ne laisse pas indifférent au travers de cette brillante composition
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Philippe Delhumeau
05/10/2010
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