Le Mardi à Monoprix
de Emmanuel Darley
Mise en scène de Michel Didym
Avec Jean-Claude Dreyfus, Philippe Thibault (musique)
Tous les mardis chez papa, "Je range, je lave, j'essuie..." et nous allons faire les courses chez Monoprix.
Niché dans une sente verdoyante et dépaysante, à deux coups d'ailes du Moulin Rouge, le Théâtre Ouvert ouvre sa scène à la pièce Le Mardi à Monoprix. Quelques marches à gravir, l'esprit de Montmartre, et voilà le quidam baigné par la marée d'affiches de représentations théâtrales peuplant le mur débouchant à l'accueil. Un sourire contre un billet d'entrée, elle n'est pas belle la devise. Pourtant, c'est ainsi que Monsieur Quidam est reçu, agréable n'est-ce pas ! Décidément, notre homme n'est pas au bout de ses surprises, un étal avec quelques pièces d'auteurs jouées en ces lieux à acquérir contre de menus euros, et là, juste à gauche, une salle garnie de chaises invitant à l'attente. Pour meubler l'attente, un bar proposant rafraichissements et autres gourmandises. Un café contre un sourire et deux pièces, elle n'est pas belle la devise. Au Théâtre Ouvert, les sourires jouent à Passe-Muraille, un esprit à Montmartre.La salle de spectacle dévoile une scène contemporaine ; des spots en aval du rideau à franges blanches laissent passer une lumière soft, ambiance Cotton-club. Le décor, deux estrades gigognes circulaires jettent leur dévolu sur une assise perchée et nacrée de blanc. En contrebas sur la gauche, une contrebasse, en tenue de bois lustré, patiente posément allongée sur son meilleur profil.Des bras ne tardent pas à venir la relever avec amour et volupté, les bras de Philippe Thibault, contrebassiste de son état, tout de banc vêtu. L'élégance masculine a donné rendez-vous à la musique, l'archet pour glisser sur le corps à cordes.Sous un halo d'étonnement, elle fait son apparition. Elle, c'est Jean-Claude Dreyfus en tenue de matinée représentation à 16h le samedi , robe rouge et chaussures à talon. La mise en pli, pas un faux pli, ni de fausse note, l'archet s'accorde et on écoute la note grave et grâce fuir l'instant présent. Le maquillage, un filet de rouge à lèvres discret, les ongles vernis, histoire de faire comme si... "Comme ils disent". Elle, c'est Marie-Pierre, un homme travesti en femme, une femme à la corpulence d'un homme, un homme sous la femme. La robe rouge et les chaussures noires à talon en témoignent.Depuis que maman est en boîte, papa reçoit la visite de Jean-Pierre, tous les mardis. Papa, retraité de l'armée, officiait sous le grade de commandant. Il a toujours commandé maman, ne faisant jamais rien à la maison. Seul, son fauteuil eut droit au respect. L'archet s'agite et force l'harmonie en dénudant les notes.Marie-Pierre vient de loin pour soulager papa des tâches ménagères. Tôt, le train l'emmène dans cette ville qui l'a vu grandir, petit garçon. Tous les mardis, elle s'est contrainte à cette cadence hebdomadaire. Son veuf de père maugrée, l'incontinence verbale défraie les jours de solitude quand Marie-Pierre se fait présente dans le petit trois-pièces au papier peint défraichi.Tous les mardis, elle range, elle lave, elle essuie. Vient ensuite le pèlerinage à Monoprix. Elle tirant d'une main le caddie écossais à trois roues plus facile pour monter les trottoirs , lui à distance, histoire de, des fois que si... comme ils disent. Les airs de la contrebasse épousent le temps, le temps des on-dit.Ce vieux père autoritaire et acariâtre n'a jamais accepté que Jean-Pierre, son fils, mue en Marie-Pierre, la femme d'aujourd'hui, laquelle dévouée lui rend visite tous les mardis. Le long de la rue droite, ils ne marchent jamais côte à côte. Le regard des autres est indicible, une tentation au commérage, pensez donc des fois que...Dans le magasin, Marie-Pierre arpente les allées, liste des courses en main. Papa s'égare comme par hasard devant un rayon à lire les étiquettes des boites de conserves. Des fois qu'elles lui révèlent des choses ou lui disent l'avenir, on ne sait jamais. Rendez-vous habituel à la même caisse située derrière le pilier, toujours avec le même caissier qui ne prête pas attention à sa cliente en quête d'un mot gentil. Pendant ce temps, le vieil homme houspille, invective le fruit de sa chaire, "Trop chères les courses, tu t'es encore fait plaisir sur mon compte". Marie-Pierre ne tient pas tête, la honte maquille une éventuelle réplique car c'est ainsi tous les mardis. Elle a sa conscience, une bonne conscience, jamais l'idée de duper son père ne lui a traversé l'esprit. De la contrebasse, un alto se décroche et s'engouffre dans un élan qui emballe le temps à l'impudent vieillard.Escale à la terrasse d'un café, papa dit deux ou trois choses étonnantes et presque gentilles, une connaissance sur le chemin du retour s'ose dans un sincère "Bonjour Marie-Christine", poignées de mains associées. Midi, déjeuner en tête-à-tête à l'appartement. Le silence s'est de nouveau invité à table. Papa se traine jusqu'à son fauteuil, le ronron de la télé allumée l'aide à s'assoupir. Pendant ce temps, elle range, elle lave, elle essuie, elle frotte le linge et l'étend au dessus de la baignoire dans la salle d'eau.Elle rentrerait bien chez elle au train de 22h. Mais à quoi bon, rester là à se faire enguirlander à tout bout de champ. Papa n'est jamais content et ne s'emberlificote pas dans la dentelle pour faire des remarques désobligeantes à Marie-Pierre. Finalement, elle prendra son train comme tous les mardis à 18h.La musique donne le la à un ut urbain et incisif. C'est décidé, Marie-Pierre ne viendra par mardi prochain, ne viendra plus les mardis. Sur la scène, la lumière s'éteint.Le Mardi à Monoprix, un texte d'une grande profondeur qui dénonce le mal-être familial et social vécu par les travestis. Avec des mots simples, Emmanuel Darley signe une uvre majeure de la littérature, ouverte au chapitre théâtre.La mise en scène de Michel Didym, la subtilité conjuguée à la singularité de présenter un sujet peu commun et difficile à mettre en scène. L'interprétation de Marie-Pierre par Jean-Claude Dreyfus, un rôle qui lui sied comme une robe et chaussures noires à talon. Magnifique Jean-Claude Dreyfus, vous est très belle en Marie-Pierre. Le contrebassiste Philippe Thibault, l'alternance de la poésie et de la cruauté dans la musique, in situ. Un joli talent agréable à écouter.Au Théâtre Ouvert, Le Mardi à Monoprix a conquis le public, les applaudissements rougeoient les mains."Le travail ne me fait pas peur,Je suis un peu décorateur,Un peu styliste,Mais, mon vrai métier, c'est la nuitQue je l'exerce ..." (Charles Aznavour)
Philippe Delhumeau
26/09/2010
AVIGNON
Théâtre des Béliers
Mise en scène de Mikael Chirinian
Marion Mezadorian, après son one woman show "Pépites", nous présente son deuxième spectacle intitulé "Craquage". Elle décortique des situations différentes les unes des autres, qui se terminent toutes inexorablement par la même conclusion : dire une bonne fois pour...
L'avis de Jeanne-Marie Guillou
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Craquage
de Marion MezadorianMise en scène de Mikael Chirinian
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AVIGNON
Essaion-Avignon (ex-Gilgamesh)
Virginie et Paul
de Jacques Mougenot,composition Musicale De Hervé Devolder
Mise en scène de Hervé Devolder
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AVIGNON
L'Archipel Théâtre
A vos fables, prêt ? partez !
de Nicolas Masson,d'Après Jean De La Fontaine
Mise en scène de Nicolas Masson
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