




Dis-leur que la vérité est belle
de Jacques Hadjaje
Mise en scène de Jacques Hadjaje
Avec Isabelle Brochard, Sébastien Desjours, Anne Didon, Anne Dolan, Guillaume Lebon, Delphine Lequenne, Laurent Morteau
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Du 19/05/2010 au 03/07/2010
Du mardi au samedi à 21h30, dimanche à 15h jusqu’au 13 juin.
Lucernaire
53 Rue Notre-Dame des Champs
75006 PARIS
Métro Vavin, Notre-Dame des Champs, Montparnasse Bienvenüe
01 45 44 57 34
A Alger, chez les Chouraqui, le soleil brille toute la journée, même la nuit parfois. Si j'vous le dis, c'est que c'est la vérité !
Dis-leur que la vérité est belle, la pièce écrite par Jacques Hadjaje, se regarde comme une bande dessinée. Les personnages surgissent de partout, des bulles d'air soufflées qui s'envolent du pavillon du saxophone de Charlie Parker et envahissent la scène. Le saphir glisse inlassablement sur les vieux 33 tours écoutés, réécoutés maintes et maintes fois par Gaston. Une vie de coton et de vinyle rythmée sans grésillement, toute la famille s'entend bien, excepté pour Brigitte qui n'accepte pas la naissance de ce petit-frère chéri, braillard et encombrant, le petit Albert.Debout et nu pied sur une estrade en plan incliné, Albert accuse sa mère de lui avoir menti. "Maman, tu m'as menti. Tu ne m'avais pas dit que je ne resterai pas un enfant. Tu ne m'avais dit que papa serait enfermé un jour dans une boîte recouverte de terre. Tu ne m'avais pas dit que tu allais mourir à ton tour. Maintenant, tu es comme papa, enfermée dans une boîte recouverte de terre... Maman, maman, tu ne m'as pas dit la vérité".Sur le tourne-disque activé par Gaston, un morceau de Charlie Parker, prend ses airs dans l'appartement des Chouraqui. Gaston, c'est le père de famille, père de Brigitte et d'Albert et le mari d'Aimée. Il est aussi le roi des déménageurs d'Alger, parole d'honneur. Ses copains l'affublent d'un autre titre, "Gaston le roi des blagueurs". De l'entrain, il en a à revendre, à lui-même. Soucieux de sa famille, les ennuis se traduisent comme les moments de gaité par la positive attitude ; un concentré de rires, d'amusement, de musique et de danse. Chez Gaston Chouraqui, l'ennuie ne se repasse à l'amidon, mais se repasse avec le jazz au piston.Aimée apparaît comme la parfaite mère de famille, très proche de ses enfants, attentive à leurs moindres besoins, inquiète de leur bien-être, prête à se sacrifier corps et âme pour qu'ils aspirent à une vie cocoonée sereine.La vie de ces Français d'Alger se consomme sans artifice, malgré le revirement sociétal de la population algéroise enclin à une réforme en profondeur de la politique menée dans ce pays. La révolte gronde, les pavés sont souillés du sang des victimes d'attentats ou de crimes gratuits et crapuleux.Pendant ce temps, chez les Chouraqui, l'atmosphère conviviale commence à se consumer. L'oncle Georges fait du gringue à la belle institutrice Arlette. Olga s'apprête à prendre pour époux le boucher et le billot. Elle, la caissière du cinéma, qui rêvait à une grande carrière d'artiste, jouera les premiers rôles entre un rôti de buf, deux tranches de jambon et trois côtelettes d'agneau.Leila, poussant comme une rose trémière, n'a plus le droit de jouer avec Albert.Du mécontentement général avec son lot de faits divers quotidiens, l'amorce de la guerre civile est toute proche. Gaston commente à sa façon, le rire en gavroche, le départ des copains et de leur famille qui choisissent l'expatriation pour la France à une incubation dans un pays qui ne veut plus d'eux.Le destin frappe à la porte de l'appartement des Chouraqui. L'exil les conduit jusqu'à la frontière de la Seine-et-Oise. C'est à Créteil qu'ils élisent domicile. Ils ont laissé leur bonne humeur et l'ensemble de leurs biens en Orient. Ici, ils n'ont plus rien, sauf le tourne-disque et les 33 tours de Charlie Parker emmenés par Gaston, son bol d'air de musique.Albert continue de griffonner dans son carnet à dessin. De temps en temps, l'ami Spirit, introduit par la lucarne du nouvel appartement, s'invite à fouler le plancher de l'enfance du jeune garçon. S'ensuivent des conversations salivantes entre les deux compères. Ils refont le scénario des bandes dessinées où se mêlent à l'intrigue, la belle espionne qui cherche à déjouer les complots orientés contre les dirigeants des pays durant la Seconde Guerre mondiale.En métropole, sous les pavés la plage. En attendant à Paris, les pavés fleurissent les vitrines des grands magasins et épousent les boucliers de protection des forces de l'ordre.Brigitte n'a d'yeux que pour un nouvel Eldorado, l'Etat d'Israël.Parents et enfants Chouraqui s'habituent plus ou moins à l'existence pluvieuse de la région parisienne. Leur destin n'est pas tracé à coup de rayons de soleil sur la longue route asphaltée. Ici, les fleurs sentent l'ennui, le mensonge, le manque d'argent et... le saxo de Charlie.Albert, toujours en transit sur son estrade en plan incliné, est interrompu dans sa litanie par Cécile, sa fille, qui lui propose de rédiger une lettre type à adresser aux administrations; un courrier informant du décès d'Aimée Chouraqui.La mise en scène de Jacques Hadjaje propose un parcours anecdotique et historique pour les non-initiés à cette période qui s'inscrivit en lettres rouge-sang dans les annales de l'histoire de France et de l'Algérie. Une biographie intimiste d'une famille comme tant d'autres qui ont vécu d'or et de soleil de l'autre côté des rives de la Méditerranée et ont connu des lendemains épineux en métropole.Le public présent dans la salle rouge du Lucernaire n'a pas ri jaune, mais jeune. Bien que pour la plupart, les rides soulignent leurs tempes d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre et n'ont surtout pas connu.Dis-leur que la vérité est belle, un clin d'il simultané des deux yeux intelligemment mis en scène.Les comédiens représentés par Isabelle Brochard, Sébastien Desjours, Anne Didon, Anne Dolan, Guillaume Lebon, Delphine Lequenne et Laurent Morteau, n'ont pas ménagé leur peine durant toute la pièce. Ils s'en sont donnés à cur joie et à pierre fendre, selon les situations contextuelles. Un savant dosage de dérision, d'esprit de famille, de nostalgie et d'émotions mené tambour battant pour ce cliché à l'histoire, celle d'une famille, celle de milliers de famille, celle d'une nation, celles de deux Etats.Une pièce de théâtre à voir pour l'instruction et pour le plaisir. Les amateurs de jazz ne sont pas en reste, nice to ear you again, Mister Charlie Parker.
Philippe Delhumeau
17/06/2010

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