


Morphine
de Mikhail Boulgakov
Mise en scène de Thierry Atlan
Avec Jason Ciarapica, Jérémie Malavoy, Mathias Mégard
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Du 14/04/2010 au 12/06/2010
Du mardi au samedi à 21h.
Lucernaire
53 Rue Notre-Dame des Champs
75006 PARIS
Métro Vavin, Notre-Dame des Champs, Montparnasse Bienvenüe
01 45 44 57 34
Composition de Morphine : un soluté de solitude, de maladie, d'amour, de mal-être, une injection pour soulager les contre-indications d'une vie déséquilibrée.
Les lectures de Mikhail Boulgakov, un concentré de rigueur dans un pays où le froid perce de ses lames acérées les entrailles de la terre, s'insurge dans le cur des hommes en y creusant des saillies profondes et irréversibles.Morphine, un texte difficile avec des mots exprimant la dérive exponentielle d'un homme dont le quotidien bascule en peu de temps dans les abysses d'une crise existentielle révélée par une pathologie latente incurable. La paradis, le terme ne se justifie pas contextuellement... même à coups de piqûres régulières. Pourtant, c'est bien au Paradis, au troisième étage du Lucernaire que Morphine, mise en scène par Thierry Atlan, étale les pages noircies par Boulgakov.Sur la scène, dos à la salle, un homme est assis, le buste légèrement voûté face à une table. En avant-scène dans la pénombre d'une lampe à pétrole, un homme, l'apparence physique d'une nuit bien avancée, lit d'une voix intriguée et intéressée quelques notes rédigées dans un cahier.Un lumière jaune éclaire très discrètement le décor sobre de cette chambre, un lit et une table. Parfum d'ambiance identique à une veillée funéraire, l'homme assis se lève de sa chaise péniblement. Il appuie de tout son corps sur une canne pour marcher un peu. L'espace de la pièce se réduit progressivement autour de lui. Une restriction voulue par ce jeune médecin, Poliakov, en proie à une maladie que lui-même ne parvient pas à décrire. Seuls quelques mots insuffisamment explicites griffonnés sur ce cahier racontent les symptômes soudainement rencontrés.Poliakov écrit une lettre à un ancien ami de faculté, le docteur Bomgard. Il le supplie de venir chez lui, la détresse se lit dans les mots posés en éminence de ce courrier. Dehors, le froid glace toute expectative de sortie. Bomgard se refuse à cette visite impromptue. Cette lettre, il la lit, la replie, la déplie et la lit de nouveau. Agacé, inquiet, amusé, perplexe, il n'en comprend pas les explications incohérentes.Poliakov voue son sacerdoce de médecin dans un petit hôpital de campagne, éloigné des considérations humaines. Son quotidien se mesure à la notion du temps qui passe. Dans ses tâches pour l'accompagner, Anna Kirilovna lui apporte un soutien matériel et moral dans un premier temps. Le destin ne la gâte pas car son mari est prisonnier de guerre, enfermé à des lieux d'ici.C'est Anna qui se rend compte que l'attitude du médecin change. Il rit moins, se montre moins avenant, prend certaines distances avec elle, pour le moment. Elle remarque un état de fatigue qui transgresse le physique de Poliakov. Ce dernier la désapprouve jusqu'à essayer de la rassurer, du surmenage, rien d'autre.Le mal s'est installé, Anna rend visite à Poliakov et prépare une seringue avec une injection de morphine. Elle lui administre la première. La seringue avec un restant de dose de morphine est posée sur la table, à la vue du médecin. Le lendemain, la douleur persistante et l'incommodant à un point, il s'injecte lui-même le produit. De soulagement, il n'y eut que de courtes transitions qui le conduisirent à s'éprendre d'Anna, physiquement et moralement. Le plaisir de la chair partagé entre la jouissance de l'amour et l'extase engendrée par la prise chronique de la morphine crée une osmose à s'y méprendre. La pathologie gangrène l'âme et le corps de Poliakov, l'addiction à cette thérapie l'emprisonne dans un labyrinthe sans issue.Anna l'aide de son mieux à surmonter cette lente agonie. Poliakov s'injecte plusieurs doses à intervalles réguliers au fil des jours, une plaie béante ouverte à la purulence du désir de soulagement.Bomgard reçoit, pour se donner bonne conscience, son ancien camarade de l'université de médecine. La prescription se limite à quelques mots sans égard, une porte qui se referme sur une vieille amitié qui n'est plus. Poliakov se tord de douleur dans son lit, Anna le regarde étrangère et incomprise. L'échéance, se traduira-t-elle par la peine capitale ?La musique se perçoit par l'instrumentalisation des coupures électriques jour-nuit. La scène plongée dans l'obscurité crée un silence monacal, une ambiance de cellule janséniste.Le trio de comédiens que sont Jason Ciarapica, Jérémie Malavoy et Mathis Mégard jouent avec gravité cette pièce, un peu comme s'ils vivaient ce qu'avait vécu Boulgakov, à ses heures de médecin, dans un hôpital de campagne. Les rôles sont justement interprétés, la rhétorique se lie avec les placements conséquents selon les situations exigées par la mise en scène. Ces comédiens sont impeccables et Morphine ainsi présentée, une injection de bon théâtre.La mise en scène de Thierry Atlan, l'adaptation biographique d'une vie difficile calquée sur la transgression physique due à une maladie insoignable, un récit très bien monté sur les planches du Lucernaire. Thierry Atlan a insufflé à cette dramaturgie, la noirceur de l'encre de Boulgakov et un message synonyme d'appel à l'aide. L'addiction, une drogue qui persécute ses usagers, le jeu de la roulette à l'issue duquel on ne sort jamais gagnant. Morphine, une belle pièce à voir.
Philippe Delhumeau
26/04/2010

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