Le théâtre des Loges est un ancien lavoir dont les parties les plus anciennes datent du XIXe siècle. Alors qu’il n’était qu’un garage abandonné, la troupe du Théâtre des Loges a investi les lieux en 1997. Le lieu est tellement étonnant qu’ils se sont investis dans la réhabilitation des lieux, aménageant les combles, refaisant tout l‘intérieur... Résultat : on pénètre dans une vaste salle rénovée avec deux scènes de théâtre, dont la plus grande est faite de jolies briques avec des hauteurs de plafond importantes soutenues par de grandes poutres d’origine. Un espace bar peut également accueillir le public. Depuis le 5 février, ils accueillent le travail de la compagnie du Poisson-Lune qui proposent l’adaptation du roman L'Enfant bleu de Henry Bauchau.Orion est un jeune homme particulier. Au sein d’un hôpital de jour, il rencontre régulièrement Véronique, "sa psycho-prof-un-peu-docteur", dit-il souvent. Le dessin sera pour eux un espace de rencontre et de communication. Leurs rendez-vous réserveront des face-à-face où l’ordre des choses sera bousculé, bouleversé afin de déranger l’a-priori face à l’handicap. S’étonner, se chercher, s’exaspérer, puis se comprendre et tisser une belle amitié au fil du temps...Si l’handicap est un sujet délicat à aborder, Aymeric Pol entre pourtant avec succès dans la peau de son personnage Orion qui utilise le "on" pour le dédoublement de sa personnalité. Orion parle d’une île paradisiaque et de mythologie, évoque la peine qu’il éprouve à "n’être qu’un homme qui ne peut être ni avec les hommes, ni avec les animaux" et "prisonnier de rayons paralysants". Très doué pour le dessin, il communique sur de longues bandes de feuilles blanches avec Véronique. L’acteur joue avec brio des scènes de crises intenses.De son côté, Céline Barbarin montre les angoisses et le désespoir que rencontrent les psychologues face à l’handicap mental et à ses méandres : "apprendre à attendre et à ne pas savoir" s’il y aura évolution positive. Et surtout, faire en sorte que le patient quitte le "on" pour le "je" afin qu’il puisse s’affirmer. La psy va donc rentrer dans l’imaginaire de son patient afin de le comprendre et communiquer efficacement avec lui. Malgré quelques petites longueurs, le joli texte de la pièce nous interpelle sur les difficultés rencontrées par les handicapés dans la vie quotidienne.Créée d’abord à Lyon en mars 2009, la pièce continue son périple en région parisienne. Jouée par deux jeunes comédiens talentueux, On ne sait pas évoque de manière touchante les relations psy/jeune homme handicapé mental avec son lot de tendresse, de crises et d’espoirs.