La pièce commence dans une obscurité étrange. On sent une présence s’avancer. Celle d’une femme, sans doute... Elle pose sa main dans l’empreinte d’une main dessinée sur ce que l’on pense être un mur. Une petite musique résonne. Un habit d’enfant ou de poupée s’illumine. La lumière se fait de plus en plus intense. Les objets qui composent Le Cirque nous apparaissent. Ce qu’on croyait être un mur est en réalité une malle. Une malle géante... d’abord fermée... puis entrouverte, laissant échapper un filet de lumière provenant de ce qu’on image être une loge de cirque... et enfin totalement ouverte.Voilà l’univers dans lequel nous plonge Sylvie Jobert, conceptrice et interprète de cette pièce joliment poétique de l’auteur suisse Charles-Ferdinand Ramuz. Une succession de très belles images accompagnées de chant allemand et d’accordéon, qui rappelent l’univers enfantin du cirque. Ces images, très travaillées et très précises, content l’arrivée de ce petit chapiteau et le début de carrière de Miss Anabella qui "dansait sur son fil de fer".Ce spectacle contemporain possède une très belle esthétique. Peut-être même un peu trop ! Du coup, la forme ne nous permet pas de distinguer clairement le fond, l’histoire même de la pièce, malgré un jeu habité de la comédienne. Les images proposées sont par moment en "non rapport" avec le texte. La diction trop saccadée, bien qu’en même temps très appréciable dans un monde théâtral où cette exigence du "bien dire" n’existe pratiquement plus, dilue le sens de la phrase et on tend l’oreille pour comprendre. Mais n’est-ce pas le parti pris ?Le Cirque reste une performance de comédienne exigeante, comparable à de la cuisine moléculaire : une belle présentation sur l’assiette ; des saveurs à retrouver en bouche.