




Abraham
de Michel Jonasz
Mise en scène de Michel Jonasz
Avec Michel Jonasz
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Du 10/01/2010 au 22/02/2010
Dimanche à 15h, lundi à 20h.
Gaîté Montparnasse
26, rue de la Gaîté
75014 PARIS
Métro Edgar Quinet, Gaîté, Montparnasse Bienvenüe
01 43 20 60 56
Bonjour, je m'appelle Abraham, je suis marié avec Rosen, nous avons sept enfants, Jankel est mon meilleur ami. On me demande de me déshabiller pour aller dans les douches... Où es-tu mon épouse, où êtes-vous mes enfants ?
Les gens prennent place dans la très jolie salle du théâtre de la Gaîté-Montparnasse. L'hôtesse d'accueil invite le public à éteindre les portables, intime de ne pas les laisser sur la position vibreur. Un brouhaha de connivence passe de fauteuil en fauteuil. La lumière tombe à plomber la salle du sceau du silence. Ecoutons maintenant.
Le grand rideau s'étire, vibrato laissant présager la scène plongée dans une semi obscurité.Des chiens au loin aboient, des ordres vociférés en langue allemande s'entendent comme s'ils nous étaient destinés, un train entre en gare, les freins crissent sur les voies, le cliquetis des portes s'enchevêtre dans un amalgame de cris, de pleurs, de voix portées par des gens perdus, des gens effrayés. Soudain, dans un fracas détonant résonne une lourde porte métallique qu'on ferme violemment sur...Sur le destin d'un homme, Abraham, sur le destin d'une famille, la sienne, sur le destin de millions de personnes qui n'avaient qu'un seul tort, le tort de lire la Tora et de parler le yiddish, le tort d'être juif. Est-ce un tort d'être né juif à en porter un tribut lesté de honte, de haine, de rejet, de mépris ?Michel Jonasz apparait sous le halo d'une lumière jaune, jaune comme l'étoile de David, jaune comme l'étoile imposée à être cousue, côté cur, sur les vêtements des juifs. Nous sommes en 1938. Fallait-il avoir un cur et de surcroit d'homme pour exiger à d'autres hommes, femmes et enfants de porter l'étoile de la honte, tels des bestiaux marqués au fer rouge. Qui était l'homme, qui était la bête ?L'histoire d'Abraham racontée par son petit-fils, Michel Jonasz, témoigne de moments de vie identique à tout homme qui a vécu une vie vouée à sa famille, à ses amis, à son travail. Une vie emblavée de graines de bonheur, de misère, de labeur, de sueur, de doutes et d'espoir. Abraham naquit en Pologne dans une famille très modeste. La Pologne, c'est le pays le plus triste de la terre, s'évertue-t-il à répéter. D'ailleurs, dans cette nation d'Europe centrale, il y a trop de juifs.Ad hoc, il abandonne, contre son gré, père et mère pour aller chercher en Hongrie ce qu'il vient de perdre en Pologne. La Hongrie, une nouvelle patrie où les gens parlent le magyar, mais aussi le yiddish. Un pays où on danse sur des airs de musique tzigane, les filles ne disent pas non à se voir offrir quelques pas proposés timidement par de charmants jeunes hommes, fussent-ils Polonais.Ah, les bals populaires de la campagne hongroise invitent les jeunes gens à s'amuser, à s'enivrer sur les airs de la musique des gens du voyage. Tournez, tournez, virevoltez, tournez encore à vous faire tourner la tête et chavirer les curs. C'est dans ce petit bal qu'Abraham a rencontré Rosen. Demande de main pour bientôt en mariage faite au père de la jeune femme, les noces furent de toute beauté, comme la mariée. La musique tzigane éclate de mille airs de bonheur, un feu d'artifice en prémices à de longues et belles amours. Amour étincelant à donner vie et existence à sept enfants.Silence, la lumière tombe, les ténèbres envahissent le théâtre. A peine perceptibles, les battements de cur oscillent avec les battements de cils quand résonne de nouveau cette lourde porte métallique qu'on ferme violemment. Michel Jonasz chante quelques couplets et refrains d'une célèbre mélodie hongroise en pensant à sa famille et à son ami. Un ami, il n'en a qu'un seul et c'est le meilleur tailleur du village. Jankel, il s'appelle. Tous les jours, ils se retrouvent à discuter des choses de la vie, de tout et de rien, comme le font de bons amis. C'est un vaste banc en bois clair qui les convie à de futaines conversations, des mots tout en fil des sempiternelles plaintes de Jankel et de se faire réconforter par Abraham.Il faut avouer que Jankel est un homme gentil et naïf, une vie à crédit dans l'épicerie de son ami, un doux tendre dont le quotidien rime avec crédit d'affection. De femme, il n'a point trouver pour partager et donner vie à son foyer. Jankel croit qu'à trois milliards d'années lumière de la terre, vivent des êtres avec neuf bras et cinq jambes mesurant douze mètres de haut. Des êtres qui vont lui commander soixante mille costumes pour célébrer la barbitzva d'un de leurs enfants.Le narrateur raconte des anecdotes vécues par son grand-père et son ami, l'accent juif de jouer des facéties entretenues le temps de cette longue amitié. Le public s'amuse d'entendre Jonasz sur un registre peu coutumier du sien, loin des voûtes du jazz, parodier ainsi son grand-père. Les gens rient, rient et rient encore à se faire tourner la tête et chavirer le cur. La musique tzigane lance des envolées lyriques dans les moindres recoins du théâtre. Le public partage la danse et la chanson au fond de son âme et conscience.Qu'elle est belle et émouvante l'histoire de la vie d'Abraham jusqu'au jour où... Numerus clausus décrété par le gouvernement hongrois : les juifs doivent partir. Les enfants de Rosen et d'Abraham abandonnent père et mère, contre leur gré, pour aller chercher en France ce qu'ils viennent de perdre en Pologne. Ah, la France, le pays des libertés, toutes les libertés ?Abraham quitte son village, la synagogue où il officiait en qualité de cantor, son épicerie. Accompagné de son épouse aimée, il retourne dans le pays qui l'a vu naitre, le pays le plus triste du monde réitère-t-il de dire, la Pologne. Le monde s'ébranle, l'histoire connait un séisme sans précédent, l'holocauste est en chemin sur les voies ferrées pour le monde du brouillard.Abraham, Rosen et leurs enfants sont déportés vers les camps de la mort à Auschwitz. Des familles entières, des milliers, des millions de personnes ne reverrons jamais le jour. Derrière les barbelés, les jours sont semblables à des nuits, les nuits des ténèbres. Pourquoi Dieu s'acharne-t-il sur Abraham et sa famille ? Qu'ont-ils fait de mal pour mériter tel supplice ?Bonjour, je m'appelle Abraham, je suis marié avec Rosen, nous avons sept enfants, Jankel est mon meilleur ami. On me demande de me déshabiller pour aller dans les douches... Où es-tu mon épouse, où êtes-vous mes enfants ? Je n'ai pas envie de me déshabiller.Un voix off rappelle à Abraham les longues conversations entretenues avec son ami Jankel, là assis sur le banc en bois clair. Abraham et tous les siens disparaissent, enfin presque. Un grand écran blanc s'affiche en fond de scène. Une photo en noir et blanc, un cliché du grand-père Abraham, de la grand-mère Rosen et de leurs sept enfants occupent tout l'espace de l'écran. Des regards de gens ordinaires que rien ne destinaient à marquer l'histoire des cendres qui furent les leurs et s'envolèrent à jamais vers nulle part. Le destin d'un homme, Abraham, le destin d'une famille, la sienne, le destin de millions de personnes qui n'avaient qu'un seul tort, le tort de lire la Tora et de parler le yiddish, le tort d'être juif.L'histoire d'un homme Abraham racontée pour l'histoire de l'ensemble d'un peuple qui disparait derrière une lourde porte métallique qu'on ferme violemment sur une vie, sur des vies. Michel Jonasz disparait sous un halo de lumière jaune, jaune comme l'étoile de David, jaune comme la lumière qui illumine un grand, un très grand comédien qui a raconté à sa façon l'Histoire avec un H majuscule, celle de son grand-père Abraham.Merci Monsieur Michel Jonasz, adieu Monsieur Abraham. Applaudissements pour une histoire qui ne s'apprend pas à crédit.
Ovations pour une histoire à raconter à nos enfants et eux de la perpétuer aux leurs. Applaudissements Monsieur Jonasz. Ovations, la salle se lève pour vous applaudir, la larme à l'il, le cur bat au rythme de l'émotion que vous nous avez fait partager.
Le grand rideau s'étire, vibrato laissant présager la scène plongée dans une semi obscurité.Des chiens au loin aboient, des ordres vociférés en langue allemande s'entendent comme s'ils nous étaient destinés, un train entre en gare, les freins crissent sur les voies, le cliquetis des portes s'enchevêtre dans un amalgame de cris, de pleurs, de voix portées par des gens perdus, des gens effrayés. Soudain, dans un fracas détonant résonne une lourde porte métallique qu'on ferme violemment sur...Sur le destin d'un homme, Abraham, sur le destin d'une famille, la sienne, sur le destin de millions de personnes qui n'avaient qu'un seul tort, le tort de lire la Tora et de parler le yiddish, le tort d'être juif. Est-ce un tort d'être né juif à en porter un tribut lesté de honte, de haine, de rejet, de mépris ?Michel Jonasz apparait sous le halo d'une lumière jaune, jaune comme l'étoile de David, jaune comme l'étoile imposée à être cousue, côté cur, sur les vêtements des juifs. Nous sommes en 1938. Fallait-il avoir un cur et de surcroit d'homme pour exiger à d'autres hommes, femmes et enfants de porter l'étoile de la honte, tels des bestiaux marqués au fer rouge. Qui était l'homme, qui était la bête ?L'histoire d'Abraham racontée par son petit-fils, Michel Jonasz, témoigne de moments de vie identique à tout homme qui a vécu une vie vouée à sa famille, à ses amis, à son travail. Une vie emblavée de graines de bonheur, de misère, de labeur, de sueur, de doutes et d'espoir. Abraham naquit en Pologne dans une famille très modeste. La Pologne, c'est le pays le plus triste de la terre, s'évertue-t-il à répéter. D'ailleurs, dans cette nation d'Europe centrale, il y a trop de juifs.Ad hoc, il abandonne, contre son gré, père et mère pour aller chercher en Hongrie ce qu'il vient de perdre en Pologne. La Hongrie, une nouvelle patrie où les gens parlent le magyar, mais aussi le yiddish. Un pays où on danse sur des airs de musique tzigane, les filles ne disent pas non à se voir offrir quelques pas proposés timidement par de charmants jeunes hommes, fussent-ils Polonais.Ah, les bals populaires de la campagne hongroise invitent les jeunes gens à s'amuser, à s'enivrer sur les airs de la musique des gens du voyage. Tournez, tournez, virevoltez, tournez encore à vous faire tourner la tête et chavirer les curs. C'est dans ce petit bal qu'Abraham a rencontré Rosen. Demande de main pour bientôt en mariage faite au père de la jeune femme, les noces furent de toute beauté, comme la mariée. La musique tzigane éclate de mille airs de bonheur, un feu d'artifice en prémices à de longues et belles amours. Amour étincelant à donner vie et existence à sept enfants.Silence, la lumière tombe, les ténèbres envahissent le théâtre. A peine perceptibles, les battements de cur oscillent avec les battements de cils quand résonne de nouveau cette lourde porte métallique qu'on ferme violemment. Michel Jonasz chante quelques couplets et refrains d'une célèbre mélodie hongroise en pensant à sa famille et à son ami. Un ami, il n'en a qu'un seul et c'est le meilleur tailleur du village. Jankel, il s'appelle. Tous les jours, ils se retrouvent à discuter des choses de la vie, de tout et de rien, comme le font de bons amis. C'est un vaste banc en bois clair qui les convie à de futaines conversations, des mots tout en fil des sempiternelles plaintes de Jankel et de se faire réconforter par Abraham.Il faut avouer que Jankel est un homme gentil et naïf, une vie à crédit dans l'épicerie de son ami, un doux tendre dont le quotidien rime avec crédit d'affection. De femme, il n'a point trouver pour partager et donner vie à son foyer. Jankel croit qu'à trois milliards d'années lumière de la terre, vivent des êtres avec neuf bras et cinq jambes mesurant douze mètres de haut. Des êtres qui vont lui commander soixante mille costumes pour célébrer la barbitzva d'un de leurs enfants.Le narrateur raconte des anecdotes vécues par son grand-père et son ami, l'accent juif de jouer des facéties entretenues le temps de cette longue amitié. Le public s'amuse d'entendre Jonasz sur un registre peu coutumier du sien, loin des voûtes du jazz, parodier ainsi son grand-père. Les gens rient, rient et rient encore à se faire tourner la tête et chavirer le cur. La musique tzigane lance des envolées lyriques dans les moindres recoins du théâtre. Le public partage la danse et la chanson au fond de son âme et conscience.Qu'elle est belle et émouvante l'histoire de la vie d'Abraham jusqu'au jour où... Numerus clausus décrété par le gouvernement hongrois : les juifs doivent partir. Les enfants de Rosen et d'Abraham abandonnent père et mère, contre leur gré, pour aller chercher en France ce qu'ils viennent de perdre en Pologne. Ah, la France, le pays des libertés, toutes les libertés ?Abraham quitte son village, la synagogue où il officiait en qualité de cantor, son épicerie. Accompagné de son épouse aimée, il retourne dans le pays qui l'a vu naitre, le pays le plus triste du monde réitère-t-il de dire, la Pologne. Le monde s'ébranle, l'histoire connait un séisme sans précédent, l'holocauste est en chemin sur les voies ferrées pour le monde du brouillard.Abraham, Rosen et leurs enfants sont déportés vers les camps de la mort à Auschwitz. Des familles entières, des milliers, des millions de personnes ne reverrons jamais le jour. Derrière les barbelés, les jours sont semblables à des nuits, les nuits des ténèbres. Pourquoi Dieu s'acharne-t-il sur Abraham et sa famille ? Qu'ont-ils fait de mal pour mériter tel supplice ?Bonjour, je m'appelle Abraham, je suis marié avec Rosen, nous avons sept enfants, Jankel est mon meilleur ami. On me demande de me déshabiller pour aller dans les douches... Où es-tu mon épouse, où êtes-vous mes enfants ? Je n'ai pas envie de me déshabiller.Un voix off rappelle à Abraham les longues conversations entretenues avec son ami Jankel, là assis sur le banc en bois clair. Abraham et tous les siens disparaissent, enfin presque. Un grand écran blanc s'affiche en fond de scène. Une photo en noir et blanc, un cliché du grand-père Abraham, de la grand-mère Rosen et de leurs sept enfants occupent tout l'espace de l'écran. Des regards de gens ordinaires que rien ne destinaient à marquer l'histoire des cendres qui furent les leurs et s'envolèrent à jamais vers nulle part. Le destin d'un homme, Abraham, le destin d'une famille, la sienne, le destin de millions de personnes qui n'avaient qu'un seul tort, le tort de lire la Tora et de parler le yiddish, le tort d'être juif.L'histoire d'un homme Abraham racontée pour l'histoire de l'ensemble d'un peuple qui disparait derrière une lourde porte métallique qu'on ferme violemment sur une vie, sur des vies. Michel Jonasz disparait sous un halo de lumière jaune, jaune comme l'étoile de David, jaune comme la lumière qui illumine un grand, un très grand comédien qui a raconté à sa façon l'Histoire avec un H majuscule, celle de son grand-père Abraham.Merci Monsieur Michel Jonasz, adieu Monsieur Abraham. Applaudissements pour une histoire qui ne s'apprend pas à crédit.
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Philippe Delhumeau
17/02/2010
Lire aussi la critique de Yves-Alexandre Julien [site]

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