Que d'espoir
de Hanokh Levin
Mise en scène de Serge Lipszyc
Avec Bruno Cadillon, Juliane Corre, Gérard Chabanier, Valérie Durin, Catherine Ferri, Stéphane Gallet, Sylvain Méallet, Henri Payet, Elsa Rosenknop
Magnifique et regretté Hanokh Levin...
A qui nous confronte et combien avec force et picturalité ! Serge Lipszyck pour servir cette série de pièces courtes écrites par le très pessimiste Hanokh Levin, réunies sous le titre d’un humour aussi noir que la vision de Goya de l’humanité, Que d'espoir ? A nous-mêmes, possibles survivants de Babel, accrochés en grappes à l’édifice en ruine ? A nous éventuels naufragés d’un radeau de la Méduse, figures noires d’humains descendues des fresques de la coupole de San Antonio de la Florida ? Et pour quel espoir ? Pour aucun espoir, semble-t-il, vu la ténacité des hommes à se faire la guerre. Guerres des Six jours, du Liban, du Kippour et tant d’autres, parfois éclairs, s’inscrivant pourtant dans une durée sans fin, faisant naître ces textes éclairs chargés, tout autant qu’elles, de l’effroyable constat du cannibalisme des hommes et des Pouvoirs. Sidération inchangée en nos âmes confrontées à leur brutalité crue, leurs relents d’erreurs, de violences funestes, de mort réelle ou promise. Le Colosse, Saturne dévorant ses enfants ou la longue histoire des Désastres de la guerre, A tort ou à raison, Tant et plus ! Barbares, Le Vautour carnivore...1968, Toi, moi et la prochaine guerre. 1969, Ketchup. 1970, Reine de la salle de bain. 1986... Que stigmatisent, sinon ce primat du Mal dans les relations humaines, ces remarquables et étonnants comédiens devenus marionnettes et pantins, humains rampants et crépusculaires, monstre ou reine femelle démesurée, géante effrayante et dévorante, brute épaisse ou mirage d’enfant nostalgique du bonheur ? Poids dans la balance du vivre mal quelques complaintes sans musiques fragiles et pathétiques ? Sur fond d’apocalypse ou de fin du monde, rappelant aussi bien l’état d’hécatombe et de catacombes du Berlin, année zéro de Rossellini que l’univers défait de Tarkovski, notamment dans Le Sacrifice, que portent comme parole, sur ce grand manège placé dans un cercle fermé, en rotation à l’infini sur lui-même et mû par un personnage à vélo à la Beckett, ces hommes-là ? De la condition misérable de l’homme voué à remplir son temps d’existence non de projet lumineux et glorieux mais d’insignifiance, d’absurde, de folie. Pas de paix. Juste la garantie annoncée de devoir payer ou faire payer le prix fort en souffrances et en sang.Atteint fatalement par un cancer, victime et témoin de l’ignominie de la Shoa, des luttes infernales du vingtième siècle dans toutes les parties du monde, l’Europe, le Moyen-Orient et ailleurs, pandémies éternelles, Hanokh Levin, choniqueur de la vie des hommes et des pouvoirs petits, donc dangereux, contestataire incompressible, dramaturge cinglant, laisse en héritage l’image de son extrême sensibilité d’écorché. Admirable capacité de répondre au pire par l’art de construire des tableaux dignes de la haute peinture de l’Homme dans ses errances et ses incohérences, et le rire et les mots pour levier de la dénonciation, ressource vitale pour continuer de conserver ses forces, vivre, aimer. Malgré tout...Face à une atmosphère qui assomme et aux questions majeures posées dans cette uvre, combien de talent faut-il pour parvenir à mettre en scène un tel texte avec ampleur, rythme et justesse sans décompression pour le public ! Défi hautement relevé et gagné par Serge Lipzyck dont la culture notamment picturale s’impose avec évidence. Orchestrateur inspiré des lumières dans cette belle et vaste salle qui offre le plateau comme un très grand tableau, avec, procédé en abîme, des tableaux dans le tableau et des tableaux dans les tableaux. Sens de l’architecture, du clin d’il et de l’humour. Maître d’uvre éclairé d’une uvre difficile mais forte, capable de faire naître chez ses comédiens, parfaitement accordés les uns aux autres et à l’esprit du texte, l’art de la jubilation, de la dérision, de la bouffonnerie au service de la pensée tendre et profonde, fût-elle masquée car pudique et blessée. Magnifique et regretté Hanokh Levin dont on se réjouit que la critique unanime ait su enfin saluer de son vivant sa dernière uvre, Meurtre.
Marie-José Pradez
18/11/2009
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