Bienvenue à bord de la compagnie aérienne Air Vacances. Embarquement immédiat pour Aix-en-Provence. Ciel bleu, météo estivale pour ce vol domestique assez tranquille. Paris - Aix-en-Provence : 3 heures et 21 minutes, foi de Xavier sur Chronos. La musique aux teintes provençales joue quelques airs joyeux, les grillons s'invitent dans la danse. Les vacances commencent comme de bonnes aubaines... enfin, pas tout à fait pour ces trois couples d'amis venus s'installer quelques jours dans une charmante villa. Possession des lieux prise, visite d'usage, "mais où est la cuisine ?", s'interroge Mireille d'une voix à agresser les basses.Clichés contemporains tirés sur plan incliné, ici les vacances rythment avec turbulences. Couleurs fondues dans le paysage, le décor très sombre en arrière-plan va s'immiscer tout au long de la pièce. Laquelle d'ailleurs ? Une chambre à coucher, changement de décor, pas exactement la même pour les trois couples. Chacun évalue la capacité d'intimité selon la superficie de la pièce, la luminosité et la vue. Pour voir le rocher du Béret et celui de la Tortue, il fallait prendre la chambre à l'étage, spacieuse et confortable. Les postillons juteux de la médisance éclaboussent les travers des uns et des autres. Les travers de port et déballages compris. Le répertoire de l'hypocrisie passe en revue l'ensemble de l'alphabet : A pour amertume, I pour ingérence, J pour jalousie, S pour sournoiserie, Z pour zélateur.Xavier, le pseudo vétérinaire, s'investit dans le rôle de moniteur de colonie de vacances. Aux pas cadencés et toujours sous le joug de Chronos, il fait visiter la région à ses amis. Le cachet local pour la maison des dentellières laissera des souvenirs à broder avec du fil noir. Martine, son épouse et propriétaire d'un cimetière pour animaux, se dévoue corps et dame à son sulfureux mari. Luc, fonctionnaire à la mèche rebelle, mise sur son état d'esprit conflictuel pour infuser à l'ambiance, un parfum délétère. Véronique, sa femme et assistante dentaire, dit Amen à tout. Alain, galeriste d'art à Paris et galeriste d'artefact, suit l'ombre de Xavier.
Mireille, sa moitié au foyer conjugal, l'insatisfaite sexuelle, nécessite prés de cinq heures de labeur "labourieux" pour espérer atteindre le nirvana, l'orgasmes suprême. Mireille ne parle pas, elle vocifère pour tout, pour tout car récurrente insatisfaite.Cette comédie marque par son absence d'originalité. Les comédiens dynamisent la pièce de leur présence en s'ingéniant à qui hurlera le plus fort. Le texte manque de verbe à la sauce piquante. Esperluette est à l'opposé du rocher du Béret et de la Tortue. De temps à autre, une réplique fuse à soulever une timide ola de rires, limitée à une poignée de spectateurs. Le meilleur, comme tout dessert, est servi en appétence à la faim. Pour la seule et ultime fois, une tablée réunissant les trois couples invite l'audience aux dernières salves d'insultes, moqueries et autres règlements de compte. Pourtant, les quiproquos siègent sur une belle terrasse aux couleurs estivales. Mais ce cliché ne rend pas à la pièce l'engouement suscité en aval.Cette comédie grinçante aurait du sentir la lavande et la poudre. Erreur dans la posologie, c'est un parfum enivrant aux essences d'ennui et de longueur qui a plané sur la scène de la Comédie Saint-Michel. Les vacances de Monsieur Hulot fussent un tantinet plus enthousiastes, peuchère.