Quai Ouest
de Bernard-Marie Koltès
Mise en scène de Wally Bajeux
Avec Colette Louvois, Wally Bajeux, Ludovique Moulard, Nicolas N’baye, Pierre-Antoine Jolivet, Pierre Hentz, Sébastien Carpentier, Julien Girault, Bertrand Godard, Delphine Guillaud, Patrick Gaudy
Sur un quai de ville portuaire à l’abandon, une inimaginable rencontre va se faire.
Un businessman en fuite, suite à ses malhonnêtetés, et un fils d’une famille d’immigrés vivant encore ici, vont ceindre leurs lignes de vie. Récit intuitionniste sur le rejet de la différence, l’exclusion, Quai Ouest met en scène un groupe de personnes en retrait des codes de la société. Le couperet aiguisé de l’oral vernaculaire et le pointillisme de l’écrit font de cette pièce en particulier un refuge marqué des différences de personnalités qui nous entourent au quotidien.Le cadre est planté. Et non loin d’ici, un homme veut faire une tentative d’autolyse. Le suicide échoue : il se retrouve dans le hangar face à un homme... Ensemble, ils vont devoir commercer avec les habitants du hangar, entre autres avec la vermine qui ne semble pas vouloir les laisser filer sans avoir casser la croûte. Les deux hommes vont vite saisir que la relation à l’autre n’est jamais dénuée d’intérêts calculés, que tout se monnaie et surtout qu’ils n’en sortiront pas blanc comme neige ni sans égratignures.Dans Quai Ouest, Koltès aime à réunir les clivages sociaux et à se focaliser très communautairement sur l’art et la manière avec laquelle cette cohabitation incongrue les ramène tous de façon tentaculaire au leitmotiv lucratif : "Qu'y a-t-il à gagner ?". Les symptômes définissant le mieux chacun dans cette approche sociologique sont le déficit, la carence, l’absence d’une matière essentielle à leur bien-être, à leur survie. Koltès en parle encore mieux que nous dans son ouvrage Une Part de ma vie, paru au éditions de Minuit en 1999 : "Mes personnages ont envie de vivre et en sont empêchés ; ce sont des êtres qui se cognent contre les murs".L’atmosphère changeante dans la pièce de Koltès traduit aussi l’antinomie de l’être et dans cette évidente versatilité de sa personnalité, celle qui lui fit dire que pour écrire cette pièce, la facilité due aux nombreuses motivations qui le poussaient à rédiger devint vite la principale difficulté : "Imaginez qu'un matin, dans ce hangar, vous assistiez à deux événements simultanés ; d'une part le jour qui se lève, d'une manière si étrange, si antinaturelle, se glissant dans chaque trou de la tôle, laissant des parties dans l'ombre et modifiant cette ombre, bref, comme un rapport amoureux entre la lumière et un objet qui résiste, et vous dites : je veux raconter cela. Et puis très vite, vous comprenez que les deux événements sont indissociables, qu'ils sont un seul événement selon deux points de vue, alors vient le moment où il faut choisir entre les deux, ou plus exactement : quelle est l'histoire qu'on va mettre sur le devant du plateau et quelle autre deviendra le décor. Et ce n’est pas obligatoirement l'aube qui deviendra le décor (...)".Puisque Koltès finit par le décor, c’est par lui que commence la mise en scène de Wally Bajeux quand, à 21h30, après quelques marches et un couloir, on tombe dans une cave au sol recouvert de 360 kilos de terre : c’est la scène. L’humidité et cette moiteur du lieu d’interprétation eut beaucoup plu à Koltés aimant les atmosphères inquiétantes au même titre, me semble t-il, que l’honneur de jouer Quai Ouest sur les Grands Boulevards : l’un de ses souhaits.Des combats, des semblants de viols, des actes menaçants vont se succéder devant nos yeux. Des comédiens qui jouent leur rôle avec leurs tripes font dire à Wally Bajeux, la metteure en scène de ce monument théâtral : "pour véhiculer tant de violence, il faut beaucoup s’aimer". La mise en scène réussit fort bien à faire passer la volonté féroce de faire se rencontrer des gens que rien ne dispose à la rencontre. Cette chimie koltésienne transpire bien dans cette adaptation où les circonstances, les événements et les lieux obligent à se regarder dans ce hangar comme sur la scène du théâtre où Wally Bajeux à placé ses comédiens.Sans interroger chacun d’eux sur leur remarquable prestation, on sent bien que l’uvre de Bernard-Marie Koltés les a poussé à l’introspection, à se poser beaucoup de questions sur eux-mêmes et par conséquent, à nous laisser pantois d’un si bel hommage à un auteur disparu trop vite.
Yves-Alexandre Julien
29/07/2009
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