Deux frères, Ariste et Sganarelle sont en désaccord sur la manière d’éduquer, Léonor et Isabelle, les jeunes femmes dont ils sont respectivement les tuteurs et qu’ils voudraient épouser: l’un prône la liberté et l’autre, doctrinaire, tient sa future épouse enfermée et isolée du monde. Pourtant, Isabelle est amoureuse de Valère, qui l’aime en retour, et ensemble ils vont user de stratagèmes afin de duper Sganarelle, le tuteur d'Isabelle.Jean Bonnet, le metteur en scène, a choisi son camp et fait la part belle aux femmes : cinq comédiennes contre deux comédiens, au lieu de trois contre six dans la distribution initiale de Molière. Les comédiennes sont donc amenées à se travestir en hommes et à parodier la gestuelle de leurs camarades de jeu masculin. A juste titre, Ariste, qui défend les femmes, est également interprété par une femme. Sur le côté de la scène, elles ont également un lieu réservé, dédié à la féminité, où s’installe un chœur exclusivement féminin qui assiste, comme le public, aux réactions misogynes de Sganarelle et réagit à tout moment par des rires et des commentaires. Le jeu bien rôdé des comédiens est appuyé par des effets sonores, vocaux ou musicaux (cris, tambours…). L’histoire est enrichie par des ambiances musicales qui soulignent les effets comiques et burlesques, transformant les situations de drôles à hilarantes. Le décor a été conçu comme la façade d’un immeuble, faisant face au public, avec deux balcons et deux portes, côte à côté, délimitant le monde d’Isabelle de celui de Valère. L’avant-scène est composée d’un sol en parquet de bois, symbolisant une sorte de ring où vont s’affronter les deux camps. Pour compter les points, les femmes ont d’ailleurs à leur disposition un tableau noir où elles notent les scores à la craie entre Sganarelle et les femmes. Jusqu'au K.O final de Sganarelle, évidemment !La pièce est d’abord une farce, avec une mécanique bien huilée et un comique de situations, emprunté à la commedia dell arte italienne : duperie, tromperie et imposture sont bien au rendez-vous. L’originalité de l’œuvre est qu’au-delà de l’intrigue les personnages développent au fur et à mesure leurs propres idées et laissent place à une part de psychologie et à des sentiments dont les personnages de la farce classique sont normalement dépourvus. Depuis dix ans, la compagnie Théâtre en Stock joue dans tous les espaces disponibles (théâtres, rues, places, salle des fêtes, écoles…) et souhaite toucher un public qui ne vient pas que du théâtre. C’est dans cette démarche populaire qu’elle perpétue la farce, le théâtre de foire et de tréteaux. L’Ecole des Maris est une farce peu répandue et peu commune du répertoire de Molière qui est admirablement bien défendue par cette compagnie qui a l’habitude de ce genre d’exercice (D’artagnan s’en va-t-en guerres en 2003 et Les Précieuses ridicules en 2005). A voir absolument !