Merci à Laurent Pelly et Chantal Thomas pour cette version scénique des Aventures d’Alice au pays des merveilles ! Ils ont relevé la gageure de transposer l’univers surréaliste de Lewis Carroll à la scène et ont accompli leur mission avec brio. L’Alice présentée dans la petite salle célestine du théâtre des Célestins est un pur ravissement pour les yeux des petits comme des grands spectateurs. Pour les uns, la magie des décors et des effets spéciaux opèrera ; pour les autres, les symboles psychanalytiques et le traitement fantasmatique des thèmes de l’enfance, de l’éducation, des rêves, des souvenirs seront l’occasion de s’interroger tout en se divertissant. Car le texte de Carroll est extrêmement riche, pouvant donner lieu à différentes interprétations, mais fait également preuve, parfois, d’une fantaisie et d’une simplicité qui séduisent spontanément.Dit par Christiane Millet, ici actrice et narratrice, ce texte, traduit et adapté pour la scène par Agathe Mélinand, retrouve la saveur qu’il possédait dans nos souvenirs d’enfants (du moins dans notre souvenir de l’adaptation de Walt Disney, sortie en 1951 et qui réunissait les Aventures d’Alice et De l’autre côté du miroir). La comédienne (remarquée au cinéma dans Le Goût des autres de Jaoui et Bacri) dose à merveille l’ironie et la naïveté, oscillant entre les rôles de narratrice et de divers personnages. En effet, elle interprète tour à tour Alice, le lapin, la souris et bien d’autres créatures étranges, croisées par Alice lors de son extraordinaire voyage.Si les épisodes se répètent, la beauté de la scénographie est telle que le spectateur reste en éveil à chaque instant de la représentation. Mais comment vous représenter les incroyables trouvailles et les trésors d’imagination déployés ici par Pelly ? Le metteur en scène, habitué à la direction d’opéras, a opté pour un décor entièrement blanc, mais double : tous les éléments de la pièce possèdent leur reflet, installé dans une symétrie parfaite au plafond. Christiane Millet évolue sur fond d’écran animé : mots, lettres, images diverses sont en effet projetés derrière elle, autour d’elle, de toutes parts. L’effet est spectaculaire. Spectaculaires aussi son passage dans la cheminée et la vidéo qui assure l’intérim pendant qu’elle y est enfermée. On se croirait presque au cinéma. Mais, cette Alice présente une telle dimension visuelle qu’on ne peut vous la décrire avec justesse : il faut aller la voir en chair et en images !