Salle d’attente du cabinet gynécologique ‘’la fleur du Lys’’, lieu de confidences intimes, de drames et de miracles.
Laura, secrétaire du docteur Pery-Duval, assure l’accueil, prend les rendez-vous et procède aux premiers diagnostics.
Un ancien amant en perdition, une patiente un peu trop curieuse, un braquage, un produit miracle, une machination diabolique, une fuite aux USA…
Le calme relatif et ouaté habituel cède sa place à un thriller hystérique.
Il y a trois ans, un café théâtre de Montpellier m’a demandé d’écrire pour 3 femmes. Une comédie dans un cabinet de gynécologie, où les confidences les plus intimes auraient eu libres cours. Il m’aura fallu plusieurs longs mois avant de me décider. Le risque de tomber dans le bavardage anecdotique était évident. Il manquait un réel enjeu dramaturgique. Un point de fixation. Puis l’arrivée d’un homme dans la distribution m’a ouvert l’horizon des possibles. Cette touche de masculin venait dynamiter les conventions d’usage liées au trio féminin, créer du décalage, amener les respirations et la folie nécessaires. Alors bien sûr, nous retrouvons dans la pièce les figures imposées par ce type de comédie : Bons mots et gags, personnages assez typés, un soupçon de provocation… Mais la pièce ne se cantonne pas à cet aspect réducteur. Elle développe un récit construit, évolutif avec ses coups de théâtres et autres surprises. Jusqu’à la chute, inattendue mais finalement très logique. Le thème de la gynécologie aurait très rapidement pu me faire glisser vers la vulgarité voire même l’indécence de certaines répliques ou scènes entières. Il me semble avoir évité cet écueil (même si l’humour n’est pas toujours des plus fins, en raison du cahier des charges à respecter). Il y a une distance permanente entre les personnages et les situations. La scène d’ouverture par exemple, avec cet accouchement en direct au téléphone, est tellement ‘’folle’’ et poussée à l’extrême que d’emblée, le public est dans le ton. La comédie va loin, n’est pas d’un réalisme total et ne se prend guère au sérieux. Dès lors, on suit, sans honte ni gêne, les délires de nos 3 olibrius dépassés par ce qu’ils ont eux même entrepris, on accepte la tournure de quasi ‘’science-fiction’’ de ce produit miracle au cœur de l’intrigue et on en attend l’issue avec un intérêt amusé. Il était intéressant de m’appuyer sur l’actualité. Le débat de société sur les GPA & PMA est loin d’être tranché. Au début, j’étais même beaucoup plus précis et détaillé sur ces techniques, au détriment du comique recherché. Il m’a fallu couper dans le vif des premiers dialogues, sans donner l’impression de m’être contenté d’effleurer le sujet. Les spectateurs seront forcément amenés à avoir un avis mais la pièce n’apporte aucune solution, juste une réflexion en filigrane. Le cabinet de gynécologie est ici le cadre d’une comédie policière (sans policiers, d’ailleurs). Passé la scène d’exposition, le rythme est celui d’un thriller, où l’urgence absolue imprègne chaque situation, maintient tout le monde sous tension et provoque parfois des actes inconsidérés. Les moments de pauses ne peuvent jamais s’appesantir et durer. Il y a le danger auquel sont confrontés les personnages, Paul en particulier. Puis il y a le danger plus pernicieux et sociétal, qui relève du problème de conscience. Faut-il utiliser un produit non agrémenté au risque de contrevenir aux lois naturelles et de la bio éthique ? C’est sur ce point que le public va s’interroger et s’identifier. . Laura est trop naïve et spontanée pour se poser ce type de questions existentielles. . Paul estime qu’il n’a pas d’autres choix, question de vie ou de mort, et dans ces conditions la morale n’entre plus en ligne de compte. . Firmine est ballotée entre son instinct maternel et sa conscience professionnelle. Quel point de vue l’emportera ? Il faut lire le texte pour le savoir. Mieux. Allez voir la pièce…
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