"Il se passe quelque chose d'important autour d'une table de bridge", raconte Rachel Salik, metteur en scène. Et pour cause : au-delà du jeu, ces quatre femmes qui se réunissent autour se racontent leur vie, leurs tourments, leurs joies ou leurs peines. Force est de constater que le bridge n'est pas une activité futile car il permet à ces femmes de se créer leur monde pour, justement, échapper au monde qui les entoure. L'occasion pour elles, qui se désignent comme le veut l'usage dans ce jeu, du nom des quatre points cardinaux – Nord, Sud, Est et Ouest – de se retrouver et chercher un sens à leur vie. Mais ce n'est pas simplement l'histoire de ces quatre femmes qui nous est contée. C'est l'histoire de plusieurs générations de femmes qui se remplacent, se succèdent, toutes unies autour d'une même passion. Les quatre comédiennes (Geneviève Mnich, Colette Nucci, Suzanne Schmidt et Françoise Vatel) interprètent ici une vingtaine de personnages différents. Le tout rythmé par une musique originale : sur scène, les actrices accompagnent, avec un réel talent, les chansons au piano.
Bien sûr, Treize Mains pourra dérouter au premier abord certains spectateurs qui auront du mal, peut-être, à trouver le fameux fil conducteur. Un peu comme le néophyte qui n'arriverait pas à comprendre immédiatement les règles du jeu. Mais le voile se lèvera tôt ou tard et, au final, le spectacle s'avère étonnant de par la vérité qu'il dégage : comme l'affirme Rachel Salik, "la table de bridge est une métaphore du monde". Ce n'est pas pour rien si Carol Shields, l'auteur, est considérée par la critique internationale comme la plus grande romancière canadienne de langue anglaise...