Des voix qui s'embrassent
de John Millington Synge
Mise en scène de Frédéric Leidgens
Avec Suzanne Tandé, Adrien Michaux, Maïa Ricaud, Clémence Barbier, Abdelghafour Elaaziz, Isabel Oed, Antoine Sterne, Frédéric Roudier
25 février 1904, le public de Dublin assiste à la première représentation de Cavaliers de la Mer (Riders to the sea) de John M. Synge. Un siècle très exactement plus tard, cette pièce, suivie de L'Ombre dans la Vallée, revient à Paris. Un retour à ne pas manquer !
"Dans Le Baladin du monde occidental, comme dans mes autres pièces, il ne doit pas se trouver plus d'un mot ou deux que je n'ai pas entendu prononcer par des paysans irlandais...". Longtemps Synge a cherché sa voix à travers la musique ou la poésie, à Dublin, en Allemagne, à Paris (il étudia la gaélique à la Sorbonne). Puis, il partit. Il quitta la ville, il quitta le monde moderne, le "monde de l'est" et il voyagea dans l'ouest, en Irlande, au Kerry, dans le Mayo, les îles Aran. De cet exil en terre où l'anglais était une langue étrangère, Synge devint dramaturge. Il écrivit toute ses pièces (sept seulement au cours de sa courte vie) en transcrivant la façon dont les habitants de l'ouest parlaient. Mais contrairement à ce qu'il dit plus haut, il ne fit pas que cela. Synge ne fit pas que prendre les mots des paysans irlandais, il sût en magnifier toute la poésie et transmettre dans ses pièces toute sa passion dévorante de vivre et d'être heureux. Peu connu en France, Synge est pourtant un auteur de tout premier plan et d'une importance capitale dans l'histoire de la littérature et du théâtre irlandais. Mais il n'est pas facile pour des artistes français de rendre audible la puissante poésie sauvage de cet auteur.Avec Des voix qui s'embrassent, Frédéric Leidgens et ses comédiens ont fait le choix de s'appuyer principalement sur cette poésie. Les amateurs de folklorisme paysans ne trouveront pas dans ce spectacle une reconstitution de l'Irlande du début du siècle. Pour laisser entendre les mots et les images du texte, les comédiens n'usent d'aucune facilité : pas d'accent bourru, pas d'intonations psychologiques, pas d'élans pseudo-lyriques, mais uniquement la beauté nue des paroles, des lamentations, des espoirs fous. Les voix des comédiens emportent ces mots qui traversent de plein fouet le cur de ceux qui savent entendre.Cavaliers de la mer. Maurya (Suzanne Tandé), accompagnée de ses deux filles jouées par Maïa Ricaud et Clémence Barbier, pleure ses cinq fils et son mari, noyés en mer alors que le dernier fils encore en vie, Bartley (Adrien Michaux), va partir en mer pour aller à une foire de chevaux. Derrière le sort tragique d'une famille des îles Aran, c'est tout le drame de la vie humaine qui se donne à entendre. Maurya ne dit-elle pas que "aucun homme n'est fait pour vivre toujours, et nous devons être contents" ? Malgré un ton un peu placé façon école, les quatre jeunes comédiens de cette première pièce, dégagent une beauté et une justesse remarquables.L'Ombre dans la vallée. Un vagabond (Frédéric Roudier) trouve refuge dans une maison isolée de tout où se trouve une femme encore jeune, Nora (Isabel Oed), dont le mari vient de mourir (Abdelghafour Elaaziz) et qui attend son jeune amant, Michaël (Antoine Sterne). Mais le mari n'est pas vraiment mort... Sous des aspects de farce, dont l'humour est bien rendu, L'Ombre dans la vallée est une affaire très sérieuse. Cette pièce dépeint l'existence solitaire et malheureuse d'une femme dont la vie n'a que peu de goût. Mais chassée par son odieux mari, Nora peut encore aller chercher le bonheur, ailleurs, dehors, à l'air libre, et qu'importe les conséquences ! Dans cette seconde pièce, les comédiens sont eux aussi tout à fait remarquables.Dans l'une comme dans l'autre pièce, ils ne se sont pas embarrassés d'un jeu naturaliste qui aurait pu laisser les spectateurs à la porte de leur drame. Ce qu'ils font, ce qu'ils jouent, ils le jouent pour le partager avec le public. Il est possible d'avoir un peu de difficulté à entrer dans ce genre de jeu très formaliste, mais une fois que les règles sont établies, les voix et les paroles embrassent le public.Avec ce spectacle, Frédéric Leidgens signe une mise en scène très intéressante. Aidé par la magnifique lumière d'Éric Blosse, il a fait avec deux pièces de Synge des images sublimes qui rappelleront les ambiances picturales de Georges Delatour ou encore celle Jack Butler Yeats, le frère de William B. Yeats, qui fut l'ami et le compagnon de voyage de Synge dans l'ouest puis de Beckett à Paris. Frédéric Leidgens sait prendre la valeur du temps pour construire une image parfois très complexe. Les regards des comédiennes de Cavaliers de la mer tournés vers un extérieur menaçant répondent à la lenteur de la vie quotidienne d'une famille sans hommes. Les corps allongés ou dressés de L'Ombre dans la vallée sont comme autant de morts en sursis, mais tous n'auront pas les mêmes regrets à l'âge de devenir vieux.Ce parti pris ultra-formaliste de mise en scène ne souffre pas de compromis et ne cède pas à la facilité. Le reproche pourrait être fait de parfois en faire un peu trop. Peut-être est-ce le prix d'une si belle esthétique théâtrale, la seule peut-être qui puisse encore faire d'une soirée au théâtre un rendez-vous qui permette au spectateur de découvrir de nouvelles parcelles de son âme.Des voix qui s'embrassent n’est pas un spectacle comme les autres, c'est une plongée dans la poésie des mots, des images, des voix et des regards.
Julien Gaunet
05/02/2004
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