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 C'est l'histoire d'un sculpteur, le sculpteur est une femme, un jour elle est morte.
Camille Claudel, internée.
Camille Claudel qui a décidé de ne plus sculpter.
Seule, avec sa souffrance, son amour pour son frère, sa passion pour Rodin.
Seule avec cette colère qui durera trente ans.
Déchirée entre la Vie et l’Art, dans la quête de la perfection. Cette aliénation, vaine et douloureuse ‘’quête de l’Absolu’’. Comme celle de Bénédicte dans Aurélien d’Aragon. Folie ? Génie ?
Troublant, étrange, saisissant, envoûtant,…Quels mots choisir pour exprimer ce que ressent le spectateur lorsque le rideau s’abaisse sur ce monologue d’Elie Briceno ? Faut-il seulement et simplement parler de spectacle ? Alors que l’œuvre se profile dans cette création présentée cette année… Les premiers pas en quittant la salle se font sous le choc. La lumière aveuglante du soleil de juillet ; le monde réel peu à peu refait surface. Les émotions se dissipent lentement dans les mots partagés entre amis ou conjoints en retrouvant l’air libre qui manqua à Camille pendant toutes ces années. L’esprit est certes envahi par cette étrange sensation, cette légère gêne de ne pas avoir tout compris, tout bien saisi mais il est aussi inévitablement plongé dans cette certitude et cette évidence que cette pièce n’est pas comme les autres.
Indubitablement, il ne s’agit pas de ces mises en scènes ‘’modernes’’ ou avant-gardistes qui ne sont en fait que labyrinthes artistiques, dédales intellectuelles ou autres fantasmes névrotiques. Ici, il s’agit bien d’un accomplissement, d’une logique inexorablement menée à terme, d’un ensemble cohérent, et nul ne s’étonne de la force engendrée par ce spectacle. Dans sa pièce, Elie Briceno a sculpté des Emotions comme auteur d’abord, puis comme metteur en scène. Il a façonné son texte puis la comédienne comme la pierre ou la glaise à qui l’artiste donne les formes et la Vie.
Il a travaillé plus d’un an sur ce projet, allant jusqu’à fouiller des heures durant les archives du centre psychiatrique de Montfavet où fut internée Camille Claudel. Il a cherché à rétablir l’équilibre entre les légendes – entretenues par le film – et la réalité. Certes le spectateur manque de clés pour ouvrir toutes les portes de cet univers, du texte à la mise en scène. Elie Briceno ne le nie pas. Bien au contraire. Cette intense présence du rouge ? Elle portait constamment une robe de soirée rouge. Camille calme dans sa colère ? Les archives ne mentionne aucune crise d’Hystérie. Camille recherchant constamment à s’entourer le corps de linge ? Elle était terrifiée par l’idée d’être nue. Pour compléter le trousseau ? Il ne faut surtout pas hésiter à parler et à discuter à la sortie avec Elie Briceno, ce ‘’portier de l’Art’’ qui ouvre les portes d’un autre Théâtre. Il faut sans crainte prolonger son plaisir et se laisser aller à l’envie de ses explications et de son engagement.
Plus que de ‘’générosité de comédienne’’, il faut parler d’un réel don de soi pour Isabel B. dans ce rôle. Dans son engagement et son désir de partage, Elie Briceno et la compagnie Artizans proposent au public de participer à la création de ses pièces au cours de l’année par le biais de ‘’chantiers’’, où le spectateur peut mieux comprendre la démarche artistique, de la phase de recherche à la phase de création. Une démarche salutaire face à la méconnaissance – volontairement entretenue pas les médias – et la reconnaissance du public face au ‘’travail artistique’’.
Elie Briceno n’est pas seulement un homme de Théâtre, il en est aussi un brillant défenseur. Une pièce à découvrir et à ressentir. |
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Mis à jour le 30/07/2003
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