Sonia Kiang, créatrice de Fort Bien Très Loin, une very french comédie musicale
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Quand j'étais petite, j'adorais écrire des histoires. C'était un de mes passe-temps favoris. Je les écrivais à la main et je les reliais moi-même avec une couverture cartonnée. C'était du temps où la télé cathodique et le magnétoscope étaient à peu près les seuls objets technologiques du foyer. En grandissant, j'ai commencé à écrire des poèmes, des paroles, des chansons, à faire de la danse, du théâtre... et surtout beaucoup, beaucoup de musique. Je faisais partie de plusieurs groupes, j'écrivais mes textes en anglais, et je finissais mes études de linguistique. Je n'arrivais pas à faire ce choix entre "la vraie vie" et "un rêve", et vis-à -vis de ma famille, c'était compliqué. Alors avant de me lancer dans le grand bain, j'ai commencé à me former en comédie musicale, en parallèle de mon boulot. J'enseignais le jour, et j'apprenais le soir. Et enfin, l'évidence : la comédie musicale, c'était comme le regroupement de ce que j'aimais le plus au monde : raconter des histoires, la musique, chanter, danser et jouer. Dès ma reconversion professionnelle, j'ai eu la chance de découvrir une communauté exceptionnelle à Paris, qui fait beaucoup de choses pour apporter un peu de Broadway en France. J'en profite pour remercier notamment The American Musical Theatre Live ! et Broadway au Carré pour leur énorme travail abattu chaque année à amener de magnifiques artistes et spectacles américains jusqu'à nous. Par le biais de très belles rencontres, dont celle de Lisandro Nesis, je me suis retrouvée à chanter pour des compositeurs contemporains américains, à travailler avec eux sur leur répertoire, mais surtout à apprendre et m'enrichir... Ça m'a permis d'apprendre énormément sur la composition, l'écriture, sur le jeu d'acteur, le fonctionnement à l'américaine, etc. J’ai même eu l’occasion, dans le cadre des concerts de Broadway au Carré , de réaliser un rêve d'enfant : celui de chanter à Broadway, au prestigieux Feinstein's 54 Below à New York ! Le rêve s'est continué à Londres l'été dernier pour le concert d'un très talentueux compositeur New Yorkais. Deux expériences inoubliables ! J'ai rencontré Olivier Maraval sur le spectacle À la recherche de la Petite Souris , où je jouais un petit garçon qui perdait sa dernière dent. On est resté en contact, et il m'a proposé de jouer le Petit Poucet dans le nouveau spectacle qu'il venait d'écrire. Forcément, j'étais tout de suite emballée, et dans un élan de courage je lui ai proposé d'en composer la musique. Au début, même-moi je n'étais pas sûre de pouvoir le faire : je faisais de l'électro et je n'avais jamais réellement composé de choses dans le style "comédie musicale"... Mais je suppose que ma détermination a eu raison de lui, il m'a fait confiance, et, voilà , je peux maintenant dire que j'ai composé ma première comédie musicale ! Oui, clairement, j'ai essayé de m'inspirer des comédies musicales qui me font vibrer et qui parlent à l'âme, tout en essayant bien sûr de garder une touche personnelle électro. J'aime beaucoup toute l'œuvre de Sondheim, le travail de Duncan Sheik sur Spring Awakening , Stephen Schwartz, Andrew Lippa, Tim Minchin pour Matilda ... Les workshops que j'ai suivis auprès de compositeurs comme Pasek & Paul et Carner & Gregor, par exemple, m'ont beaucoup apporté et beaucoup influencé aussi. Je suis intervenue a posteriori sur le livret et les paroles d'Olivier Maraval. J'ai essayé d'y apporter, de par mon expérience, de mes apprentissages en tant que comédienne, un peu plus de profondeur aux personnages, créer un "arc" dans chaque chanson, dans l'histoire en général... Mais il y avait déjà une super base de travail grâce à Olivier ! Fort Bien Très Loin , c'est l'histoire d'un souverain, devenu très méchant par la force des choses, qui rêve de régner sur tous les univers. Pour accomplir sa mission, il décide d'éradiquer tous les héros des autres contes. Proche du but, il ne reste plus que quelques "détails" avant d'être reconnu le plus fort de tous les temps. Mais parmi ses victimes, tous ne sont pas prêts à abandonner si facilement, et le Petit Poucet est déterminé à déjouer le sort qui lui a été lancé pour rentrer chez lui... Tout d'abord parce qu'on a déversé beaucoup de cœur et d'amour à l'ouvrage. Et pour les beaux messages d'espoir, d'amour, d'ouverture, de tolérance, de courage, de liberté... Je pense que ce sont des choses que nous perdons facilement de vue dans la société actuelle, et j'ose penser que ce spectacle peut faire un peu de bien au cœur à celui qui y sera ouvert. On a voulu faire quelque chose qui ne ment pas, avec les moyens du bord, et je pense qu'on a réussi notre pari. Alors, il ne faut pas se mentir : on fait beaucoup mieux outre-manche et aux Etats-Unis, et la France a un petit retard sur ses autres voisins européens en terme d'importation... Mais je trouve qu'on commence vraiment à avoir quelques bons éléments, de belles créations françaises et ça donne beaucoup d'espoir pour plus tard ! Nous préparons la sortie d'un nouvel EP avec mon duo électro soul Seekers Keepers et nous avons deux résidences prévues en décembre et janvier pour nos futurs concerts. À côté de ça, je vais continuer à écrire des comédies musicales, continuer à mixer les styles musicaux et mes influences, pour trouver ma signature. Et surtout, continuer à raconter des histoires... Il n'est jamais trop tard... ![]() Claire ![]() |