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Entretien Daniela Lumbroso : l'unique soleil de Joseph Agostini
Le psychanalyste Joseph Agostini signe son deuxième roman, intitulé Pour unique soleil, aux éditions En Volume. Auteur d’essais et de pièces de théâtre, animateur du podcast Fais voir la bête, il propose, à travers ce roman, une immersion dans les ressemblances mystérieuses qui jalonnent nos vies. Un ouvrage sur l’amour fou à sens unique inspirée de sa propre admiration, des années durant, pour la journaliste de télévision Daniela Lumbroso, qu’il reçoit dans Fais voir la bête prochainement.

GROS PLAN
Affiche du spectacle
© X,dr
Votre deuxième roman s’intitule Pour unique soleil. Pouvez-vous nous en parler à bâtons rompus ?

Ce n’est jamais simple d’aborder sa propre écriture. Ce roman questionne finalement l’aspect imaginaire de nos liens d’attachement et de fascination. Dans la vie, on peut se laisser illusionner par les images que les autres renvoient, sans vouloir dépasser ces mirages, en étant finalement plus amoureux du rêve que de la réalité. L’image que l’on s’est forgé d’un être prend alors le pas sur l’être lui-même, avec notre consentement. C’est ce qui s’appelle l’idéalisation.

C’est ce qui vous est arrivé personnellement avec Daniela Lumbroso ?

Pas tout à fait. Mais le lien avec elle fut incontestablement un terreau de créativité assez inouïe. Adolescent, comme le personnage de mon roman, j’étais dans l’idéalisation de cette journaliste de télévision, qui à l’époque, était une excellente intervieweuse sur LCI. J’habitais alors en Corse et lui ai écrit pour le lui dire. Un soir de 1995, à ma stupéfaction, Daniela m’a appelé chez mes parents pour me proposer d’assister à l’enregistrement d’une émission. Ce que j’ai ressenti alors est assez inexplicable. C’est un mélange de ravissement enfantin, de peur et de fascination, que nous ne pouvons comprendre que si on a été profondément amoureux d’une image.

Pourquoi elle ?

Je crois que Daniela Lumbroso représentait à cette époque, la liberté et la légèreté rêvées. Finalement, en l’aimant, j’étais un féministe avant la lettre car elle fut la première femme à présenter des émissions en première partie de soirée dans cette télévision extrêmement machiste de la fin des années 90. Et puis, c’est une femme bien plus complexe qu’on pourrait le croire. Elle a notamment évoqué son enfance blessée en Côte d’Ivoire, la nostalgie d’une Italie qui a maintenant disparu. Elle dépasse de très loin sa caricature.

Dans votre roman, l’amour fou est à sens unique, l’être aimé n’a même pas connaissance de la passion que l’autre lui porte ! Il ne s’en doute même pas. Il y a une immense solitude qui se dégage de certaines scènes.

Je crois que la passion est toujours sous le sceau de la solitude, de la peur de perdre, de la folie de sacrifier sa vie à celle d’un autre, sans la possibilité d’en découdre, téléguidé par des sentiments qui nous dépassent ! Il y a ainsi quelque chose de galvanisant mais de terriblement dangereux. C’est un mirage ! Le royaume de l’imaginaire.

Les personnages ne peuvent pas se rencontrer dans le vrai sens du terme, c’est à dire se comprendre...

Comment dire l’amour que l’on porte à un être sans sombrer dans le ridicule ou dans l’excès ? Il est très difficile de passer aux aveux car les mots eux-mêmes viennent profaner le cœur. Quand on exprime les choses, elles sont déjà moins passionnées. On les extrait des rêves. Non sans une certaine souffrance de les voir s’évaporer comme une bulle de savon. C’est la phrase de Marcel Proust: « Dire que j’ai tant aimé quelqu’un qui n’était même pas mon genre »...

Vous pensez donc qu’il y a toujours une déception après l’amour fou ?

Je ne dirais pas une déception mais un renoncement à l’idéal. Sinon, la vie est impossible, avec sa somme de banalités, de normalités, de fadeur aussi. Alors, plus on aime un être, plus on le met dans le ciel de nos idées, moins on est capable de le regarder en face, de l’aimer pour ce qu’il est vraiment. C’est ce que j’aborde dans Pour unique soleil.

Sans cette lucidité, auriez-vous seulement pu écrire ce roman ?

L’écriture vient toujours après le désastre. Il faut souffrir, se mentir, se trahir, se blesser, avant d’en dire quoique ce soit. Il me semble que sans avoir vécu, on ne peut pas écrire, sous peine de parler pour ne rien dire. Écrire, selon moi, c’est un coup de folie consenti quand la vie ne suffit pas.


Publié le 13/01/2021
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