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A lire Louis Seigner, une biographie affective
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De ses origines modestes à sa fin tragique, injuste et brutale, c’est tout un pan de l’histoire du théâtre français (du grand et petit écran également) qui se déroule dans cette biographie de Louis Seigner, par Françoise Seigner, aux éditions du Rocher.
GROS PLAN |
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© X,dr |
On aime bien la dynastie des Seigner, qui de Louis à Mathide en passant par Françoise et Emmanuelle, a trouvé au fil des générations la place qui lui est due la première dans le monde du théâtre et du cinéma (combien de seconds rôles ont marqué plus que les têtes d’affiche !), puis dans le cur du public, par la simple volonté du respect de ce dernier, le goût du travail bien fait... mais aussi une certaine franchise revigorante.
Louis Seigner (1903-1991) donc. 446e sociétaire de la Comédie-Française à qui De Gaulle demanda un jour : "Enseignez-moi la bonhomie"... Jolie référence, non ? Et c’est avec affection, tendresse et nostalgie que sa fille Françoise se penche sur la carrière de son illustre père. De ses origines modestes : "Quand je réalise d’où je viens, quelle destinée étrange !" à sa fin tragique, injuste et brutale, c’est tout un pan de l’histoire du théâtre français (du grand et petit écran également) qui se déroule dans cette biographie où passent les ombres des piliers de la rampe et des plateaux de Boulogne ou Cinecittà sans une once d’ennui dans un style simple, direct, au bon sens populaire.
Les souvenirs de tournées, répétitions ou cours (Jacques Villeret et Francis Perrin furent ses élèves) foisonnent, le chapelet des gens connus s’égraine comme un album de souvenirs aux pages jaunies. Qui a oublié les prestations de Louis Seigner dans Les Rois maudits (1972) ou La Chartreuse de Parme (1947) ? Vingt-cinq ans séparent les deux uvres et le sens du détail est intact : dans la diction, le regard, l’attitude, la composition, la conviction. Ses silhouettes efficaces car toujours bien croquées dans Le Corbeau puis La Vérité (Clouzot) ou Les Amitiés particulières (Delannoy) avec pour ce film de 1964 une anecdote de fin de tournage qui fait froid dans le dos, on vous la laisse découvrir en disent long sur un talent qui n’a jamais connu le star-system malgré les amitiés sincères d’un Jean Gabin ou d’un Raimu. En véritable saltimbanque, Louis Seigner refusa le premier rôle du Grand Patron (Ciampi) pour jouer... Monsieur Jourdain.
Ce qui nous permet d’arriver bien sûr à ce que tout le monde attend : la carrière au Français.
Si l’impressionnante galerie de rôles laisse pantois, nous aurions quand même aimé en apprendre plus sur Le Bourgeois gentilhomme, spectacle phare des années cinquante. Quoi ? Pas un accrochage, une ombre au tableau pour cette pièce qui a fait le tour du monde ? Tout était donc si doré dans les Nationaux ?
Les coups de griffe données par Françoise Seigner contre Pierre Dux, longtemps administrateur de la première scène hexagonale, amuseront , si on sait que dans la Maison "d’homolière", "quand on embrasse son rival, c’est pour l’étouffer"... Une remarque de Gros Loulou sur l’avenir du théâtre, pas si anodine que cela, mérite d’être citée : "Si le ministère était intelligent, il devrait donner l'Odéon à Hossein pour y créer le vrai théâtre populaire"... Vu le succès des productions de ce dernier dans les années soixante-dix, cela laisse songeur.
Le dernier chapitre est composé d'extraits de presse, les dernières pages consacrées à des annexes : la carrière et les rôles de Louis Seigner à la radio, sur les écrans, les planches. Voilà qui devrait passionner et renseigner les spécialistes.
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Publié le 21/02/2008
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LES RéFéRENCES |
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Louis Seigner de la Comédie-Française, une biographie affective par Françoise Seigner. Editions du Rocher. 310 pages. 20€. |  |
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