 L’euphorie perpétuelle, parue chez Grasset en 2000, pose le problème du bonheur vu comme un devoir, qui accule en fin de compte au malheur de ne pas se sentir totalement heureux
Dans notre société de consommation, où tout, absolument tout, est marchandise, le culte du corps, le règne de l’argent, la recherche de l’amour ne tiennent face à la fascination du néant qu’au nom de "la quête du bonheur", ce Graal insaisissable. Pascal Bruckner, empêcheur de tourner en rond, jure pourtant que le bonheur, s’il existe, est ailleurs. Il démonte savamment les rouages implacables de la machine à fabriquer de la jalousie, du ressentiment et de la confusion dans les esprits. Il ouvre la boîte de Pandore des cieux gris qui rendent gais, des maladies qui permettent d’exister, du quotidien ennuyeux et pourtant si jubilatoire...
Bruckner jongle avec les paradoxes, titille nos évidences et se rit des gens heureux, grands illusionnistes un peu honteux. Pascal Thoreau captive son auditoire en disant quelques extraits de L’euphorie perpétuelle. Interactive, sa performance ne va pas sans l’avis du public sur la question. "Le bonheur, c’est changer ma moquette sans changer les meubles de place" osera un spectateur dans la salle, alors qu’une autre décrira d’une élégante manière l’âpreté de l’existence. Applaudissements soutenus et émus. L’euphorie perpétuelle pique au vif. |