 « Je délivre très tôt les règles du jeu et j’essaye de trouver des narrations qui soient les plus ouvertes possibles. Le seule fil narratif est alors la pensée ». Mohamed El Khatid, auteur, metteur en scène et comédien
Deux dates, celle de la naissance, celle de la mort. Entre, une vie remplit de joie et de tristesse. Cette pièce de théâtre fait froid dans le dos. Perturbante, envoûtante, l’attention est portée sur la voix de Mohamed El Khatid. Il raconte les derniers souffles de sa mère, partie rejoindre le ciel en 2012.
A travers des conversations avec les médecins, à travers des enregistrements sonores et visuels de la fin de vie de sa mère et après, l’artiste provoque et dénonce. Sa mère tombée dans un lit d’hôpital à cause d’une maladie, causant des effets collatéraux : le cancer. Tout au long du spectacle, Mohamed El Khatid ne surjoue pas, ne joue même pas. Des regards puissants, des souvenirs prenants, il partage simplement ce qu’il a vécu sans pour autant tomber dans un sentiment de pitié. Cette pièce de théâtre, d’une justesse remarquable, bluffe.
Le spectateur circule à travers diverses émotions. Plus fort encore, personne n’exprime ce qu’il ressent de la même manière. Assis sur des tabourets, comme des élèves écoutant le professeur, comme un groupe de parole venu entendre parler de la fin, venu observer ce spectacle pour finir en beauté, sur une partition de silence et d’étonnement.
Ce texte, court, est marqué par les minutes de silence. Le silence apaise les pensées, réchauffe les cœurs, agrandit les émotions. Attendre, applaudir, écouter le bruit sourd, regarder une télévision vide et éteinte, voir des vidéos ou un acte de décès, tant de choses en si peu de temps, pour une pièce maîtrisée par l’artiste jusqu’à la fin. Nous avons fini en beauté. |