 "Si vous marchez dehors, à cette heure et en ce lieu, c'est que vous désirez quelque chose que vous n'avez pas, et cette chose, moi je peux vous la fournir." Bernard-Marie Koltès
Un terrain vague ou une usine désaffectée, des cailloux, des herbes qui poussent ici et là , des vitres cassées, un lieu glauque où personne ne va. C'est dans ce lieu étrange que deux hommes, l'un vendeur, l'autre acheteur, se rencontrent, se jaugent, ont des joutes verbales mais aussi des sortes de soliloques, chacun essayant autant de convaincre l'autre que de se convaincre lui-même. Même en voulant se ressembler lorsqu'ils se couvrent de boue, ils se refusent à accepter l'autre.
Tout le dialogue se noue autour d'une chose : celui qui vend et celui qui achète et qui nourrit toute une stratégie de séduction et d'intimidation entre les deux protagonistes. Le texte magnifique de Koltès contient de superbes développements sur le regard, la peur, celle de l'autre mais aussi celle de son moi profond, sur le désir, sur l'humanité.
Le décor, l'excellence des comédiens, la mise en scène, la musique (une batterie dans le fond) contribuent à créer une atmosphère lourde, dangereuse, et pourtant réelle. On est captivé de la première minute à la dernière. Incontournable. |