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 "Que vaut l’argent dans nos vies, que vaut l’argent dans nos amours ?"
Piquée d’un humour très noir, la pièce est aussi percutante que salutaire. Véritable mosaïque à la chronologie inversée, théâtre d’acteurs qui parle de nos vies contemporaines, « Love and Money » retrace à rebours l’histoire de David et Jess, de la brutale explosion de leur couple à la demande en mariage. Dennis Kelly y interroge sans juger notre rapport à l’argent, la place que nous lui accordons, la hiérarchisation de nos valeurs, dans un monde où, paraît-il, le bonheur s’achète.
Ce texte de Dennis Kelly se distingue des précédents par son caractère sociétal. C’est une dystopie, « un récit de fiction » qui dépeint une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle « empêche ses membres d’atteindre le bonheur » et contre l’avènement de laquelle « l’auteur entend mettre en garde le lecteur ». Mais Dennis Kelly ne sombre pas pour autant dans la caricature. Ses personnages cupides ne sont pas les banquiers ou les grands capitalistes mais des « petits ». Multidimensionnel, ce texte reflète la complexité du désordre consumériste où nous nous sommes tous joyeusement impliqués. Les sept plans séquences qui constituent la pièce oscillent et questionnent habilement les concepts « d’amour » d’une part et « d’argent » d’autre part afin de nous interroger, non pas sur la dette, mais sur ce qui constitue notre rapport au bonheur.
Mais ce texte parle aussi de la façon dont notre univers si improbable s'est constitué, de la manière dont on bifurque parfois dans la vie, comme ce prof de lettres gauchiste qui devient un requin de la finance, comme cette jeune femme idéaliste qui se transforme sans s'en apercevoir en toquée achetant compulsivement n'importe quoi pour combler un vide en elle, ses parents ordinaires et aimants qui deviennent, désespérés, des barbares profanateurs, cette jeune croyante psychorigide et méprisée qui se mue progressivement en prédatrice obsédée par le profit, le pouvoir et qui ne croit plus qu'au fric…
Tous ces gens portaient-ils cela en germe ou bien ont-ils été dévorés par une société qui fait de nous, petit à petit, des personnes impitoyables, brisées, déconstruites, pathétiques ?
Existe-t-il une issue de secours pour eux, pour nous ? Ces personnages sont endossés avec une générosité communicante par les acteurs de la compagnie Kalisto, dirigés avec précision et justesse par Illia Delaigle, dont, comme il le dit lui-même, « la profession de foi est celle de l’acteur, du travail de l’instant ici et maintenant, de la générosité et de la présence. Du théâtre tout simplement.
Ce spectacle n'a pas encore été chroniqué par la rédaction de La Theatrotheque.com.
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Mis à jour le 06/06/2015
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