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   La Grande Nuit du Kathakali
Théâtre du Soleil (PARIS)de Compagnie Prana
Mise en scčne de Compagnie Prana
Avec Nellyode Vasu Namboodiri, Sadanam Krishnankutty, Narippatta Narayanan Namboodiri, Keralakalamandalam Balasubramanian, Kkm Karunakaran, Kkm Neeraj, Kkm Pradeep, Kkm Adithyan, Kottakal Sunil, Sadanam Sadanandan, Nedumbally Ram Mohan, Kalanilayam Rajeev, Sdn Jyotish Babu, Kkm Unnikrishna, Kkm Ravishankar, Kkm Prakash, Kkm Hariharan, Kkm Sadish, Kalanilayam Padmanabhan
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 Le Théâtre du Soleil demeure un lieu à part. Depuis de nombreuses années, il suffit de passer les portes de la Cartoucherie pour entrer dans un nouvel univers, un monde qui se joue de l’espace et du temps.
En ce début de printemps 2015, le soleil pointe ses rayons, les arbres bourgeonnent et le Théâtre du Soleil se teinte de couleurs chatoyantes venues de l’Inde. Le Kathakali est un art ancestral mêlant théâtre et danse extrêmement codifié. Chaque geste, chaque placement de doigt, frappe de pied, maquillage... ont été réfléchis et portent une symbolique très forte. Ces codes sont repris depuis de nombreux siècles et cet art perdure comme au premier jour. Les acteurs-danseurs interprètent les dieux, les demi-dieux, les démons et autres figures du Mahâbhârata, Râmâyana et Purana. Un livre rempli d’histoires d’amour, d’amitié, de jalousie, de vengeance, de ruses, et bien plus encore. L’épopée extraordinaire de la vie de figures indiennes connues dans le monde entier, comme le dieu Krishna, Hanumân ou encore la belle Sita.
Durant cette nuit marathon, six épisodes sont présentés au public, entrecoupés d’entractes. La nuit est longue et intense. Le Théâtre du Soleil, habitué à ces événements que l’on ne retrouve nul part ailleurs, à tout prévu. Des lits sont installés afin que le public puisse se reposer et, toute la nuit durnt, des plats indiens salés et sucrés ainsi que du tchaï proposés aux visiteurs. Tout est mis en place pour faire de ce spectacle un moment magique.
A 18h30, les musiciens annoncent l’ouverture des festivités avec une introduction musicale aux rythmes des percussions aux abords du théâtre. S’ensuit les préliminaires rituels et l’allumage de la lampe à huile qui brulera et accompagnera les artistes sur scène toute la nuit.
Pendant une heure, les musiciens offrent un concert avec la triple sonnerie de conque, le chant invocatoire à Vishnu et Pakuti Purappâd, la danse d’introduction symbolisant l’incarnation des dieux sur terre, interprétée par deux danseurs derrière le Tirashila (rideau). Quelle maîtrise de l’instrument, du rythme et surtout quelle énergie. Le leader, chef d’orchestre, un petit homme sec d’un certain âge, frappe avec vigueur et entraîne ses élèves et comparses à aller toujours plus loin dans leur musique. Ils s’écoutent, jouent, se testent, se répondent, c’est puissant ! Parfois même un peu trop. Est-ce parce que le son est magnifiquement amplifié et redistribué avec justesse dans cette salle conçue pour créer et offrir des spectacles époustouflants ? Ou parce que, Occidentaux, nous ne sommes pas habitués à une heure non-stop de percussions tonitruantes ? Les passages plus calmes, lors des chants, apportent un répit, une douceur nécessaire. Des chants enivrants et dont on se laisse bercer comme un voyage sur les flots du Gange. Les musiciens sont époustouflants et c’est une véritable performance, voire même une prouesse physique que de jouer pendant... plus de dix heures !
Que dire des acteurs-danseurs ? Vêtus de somptueux costumes lourds, chargés et imposants, ils dansent, virevoltent, sautent d’un pas à un autre, s’aiment, se déchirent, entre-tuent pendant des heures avec, en prime, une coiffe gigantesque sur la tête. Le Kathakali est un art que l’on voit de loin. Les visages sont peints à la manière de masques terrifiants ou agréables selon le personnage incarné, et toujours très colorés. Les bouches et les sourcils sont immenses. Grace à cette technique, même du fond de la salle, on distingue très nettement les expressions du visage et les mouvements des yeux rehaussés par ceux des sourcils. Le corps entier est investi, et les artistes se donnent entièrement avec passion pour raconter et vivre l’histoire des dieux. Le public rit, s’étonne, tombe amoureux et respire au rythme des artistes indiens.
Chaque geste et éléments ayant son importance, tout fait sens. Les gestes sont codifiés, on comprend l’essentiel de l’histoire, mais on perd beaucoup de petits détails car le sur-titrage ne donne que les informations primordiales de chaque scène. Et comme à l’opéra, dire une phrase prend trois heures...
La Grande Nuit du Kathakali est une nuit magique au Théâtre du Soleil. Certains ont découvert cet art, les connaisseurs ont apprécié admirer ces grands maîtres du genre sur scène. Bref, tout le monde est touché et heureux. Revenir à l’essentiel, à la base de l’histoire pour comprendre son évolution et savoir où nous en sommes aujourd’hui, c'est aussi ce que nous offre le Théâtre du Soleil avec ses nuits magiques. Car sans le kathakali, nous n’en serions pas là aujourd’hui dans l’art scénique. |
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Mis à jour le 11/04/2015
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