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 Jean Petrement offre une adaptation singulière des Mémoires d'Hadrien embellie de la jeune poésie de Fernando Pessoa .
Les mémoires d'Hadrien sous le regard inspiré de Jean Petrement animé par Antinoüs, le poème de jeunesse de Fernando Pessoa conservent la dimension historique de l'œuvre de Marguerite Yourcenar tout en la travestissant avec beaucoup de respect d'un quatuor de comédiens qui sont à eux quatre narrateurs de la vie de l'empereur en des dialogues qui animent autant le passé dans sa véracité historique que l'amour sublimée d'Hadrien pour Antinoüs au présent de nos vies et librement.
Bien évidemment un tel titre pour une pièce de théâtre renvoie d'emblée le spectateur curieux à l'œuvre de l'écrivaine Marguerite Yourcenar .
Il faut cependant l'avoir lue et connaître le chemin d'écriture de cette œuvre publiée en 1951 pour se rendre compte que Jean Petrement dans sa mise en scène restaure les souhaits de jeunesse de celle qu'on ne nomme plus et qui fut la première femme élue à l'académie française.
En effet en choisissant de faire d'Antoine ( la figure de Marc Aurèle) le narrateur ou le scribe des pensées de son père adoptif Hadrien, le metteur en scène redonne vie aux premières heures d'écriture de ce roman Philosophico-historique alors qu'entre 1924 et 1929 Marguerite Yourcenar présente le souhait qu'Antinoüs soit le narrateur de son projet littéraire qu'elle abandonna par la suite sous cette forme devant le refus des maisons d'édition.
Ce clin d'œil à l'histoire de cette œuvre même si les personnages n'ont pas tout à fait le même rôle demeure un très bel hommage à ce monument de la littérature française autant qu'à son auteur.
La dimension dramatique de la mise en scène est en symbiose tant avec cette longue lettre de l'empereur Hadrien qu'avec le jeu des comédiens qui amène des réflexions sur la vie plutôt que de conduire à la fatalité de la mort à laquelle l'empereur n'échappera pas.
On sent bien là , la volonté du metteur en scène de faire pressentir à ses spectateurs la force symbolique d'une telle œuvre dont la dimension contemporaine parle à elle seule du pouvoir, de l'amour impossible, de la condition des femmes, de la mémoire autant que de thèmes qui ne nous sont pas étrangers et que Marguerite Yourcenar a volontairement abordé dans son œuvre comme si, visionnaire, elle savait que près de 60 ans après la publication de son roman ces sujets seraient encore très brulants et très présents.
Avec l'esprit libre qu'il faut pour aborder une telle œuvre, relisons donc - à la lumière des amours d'Hadrien pour Antinoüs chantés en des vers admirables par Fernando Pessoa autant qu'à la clarté de l'histoire et de la philosophie voulue en son roman par Marguerite Yourcenar - cette citation de Gustave Flaubert ; ode à la "libre" pensée : « les dieux n’étant plus, et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc-Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été » .
Puissiez-vous dans cette très belle mise en scène qui salue le talent de quatre comédiens: Jean Pétrement ( Hadrien), Elisa Oriol ( Elixa, esclave grecque ), Issam Chayle (Antoine) et Maria Vendola ( Plotine) apercevoir en ce II ème siècle après JC un ex-voto aux couleurs d'une liberté qui donne bien envie d'être réappropriée.
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Mis à jour le 20/07/2014
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