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   Caprices
L'Atalante (PARIS)de Francisco y Goya, José Drevon
Mise en scène de Guillaume Dujardin
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 Caprices, une œuvre picturale du peintre Francisco y Goya, une interprétation artistique de José Drevon. De la toile à la scène, les abysses de la nuit livrent en chair les carcans infligés à l’homme.
Après une escale en terre bisontine, le domaine des murmures du Festival de Caves s’est répandu jusqu'à la place Charles Dullin dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Station Anvers, rue Dancourt, la tension monte, le cur palpite, le mystère jongle avec l’inconnu. Encore quelques mètres et la façade de l’Atalante se profile derrière la grille. Le théâtre de l’Atalante, un point de rendez-vous incontournable du Festival de Caves avec une belle programmation en ce mois de juin. Quel plaisir de revoir Guillaume Dujardin, le sourire en affiche, l’il aux aguets, le bonjour convivial à cinq doigts adressé aux invités. Ce soir, l’Atalante accueille sa nouvelle création, Caprices, laquelle sera y jouée... enfin sera jouée jusqu’au 24 juin. Rappelez-vous, la garde-robe professionnelle de Guillaume Dujardin, directeur artistique et metteur en scène (extrait de l’article "Le 9e Festival de Caves : du théâtre dans... les caves !" publié le 22 mai [site] ).
Caprices, une épreuve en plusieurs tableaux immortalisant les obsessions de la nature humaine. Le clair-obscur s’impose dans un mélange subtil et violent de blanc, de gris et de noir travaillés sur la palette avant d’être mis en valeur sur la toile. La main de Francisco y Goya ‘panse’ les dérives sociales perçues par l’artiste peintre. L’aspect visuel souligne les techniques de l’eau-forte, les lumières jaillissent de l’imprécision des traits et de la déformation rigoureuse des corps. Quelques gravures Los Caprichos de Goya sont accrochées dans le hall d’accueil du théâtre, lesquelles invitent à comprendre la pensée de l’artiste.
Guillaume Dujardin la traduit dans une mise en scène où l’obscurité et la lumière se suspendent l’une à l’autre, se confondent l’une dans l’autre, se distancent avec élégance et se rapprochent avec pudeur. Il nait de la scénographie de Patrick Poyard et de la création lumières de Christophe Forey, une humilité qui intimise l’espace. Une voix se devine dans la profondeur de l’invisible et franchit les paliers de la nuit. José Drevon se livre comme une image à double-sens, l’homme qui veut en finir avec le jour, l’homme qui raisonne. Il s’envahit lui-même d’un sentiment d’abandon, il se contraint à un désir d’emmurement intérieur qui l’éloigne du jour pour le plonger dans l’étroitesse abyssale de sa conscience. La solitude laisse libre cours à l’imagination, la frustration créée une ivresse passagère fondée sur le néant et l’absurde. José Drevon ressemble à ces personnages représentés sur les eaux-fortes Los Caprichos, le visage défait, bras et jambes imprécis dans le mouvement. La voix s’élève pour exprimer une colère, une liberté de crier et retombe en éclaboussant le silence de la cave.
La mise en scène de Guillaume a une belle esthétique, elle est une prolongation vivante des eaux-fortes exposées à l’Atalante. Le trait de génie de José Drevon, sa façon de s’intégrer physiquement au texte et à l’œuvre picturale de Francisco y Goya.
Caprices, une réalisation à voir dans le cadre du Festival de Caves. |
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Mis à jour le 08/06/2014
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