
|
 |
    
|
|
 |
 |
|
 |
 |
 Le Cirque des mirages, une odyssée fantastique musicalisée où théâtre et conte s’unissent pour affronter le 32e parallèle.
S’il est des utopies éphémères, l’histoire du Cirque des mirages débute en 2000 par une rencontre entre Fred Parker et Yanowski. Que de rêves aboutis qui lèvent les amarres à destination d’escales lointaines, La Cigale, la Belgique, le Canada, la Suisse. Retour en terre de Seine, sur la scène du Théâtre Michel, après une longue tournée des Vagabonds des mers sur les routes de l’hexagone.
Ces Vagabonds des mers, un duo mêlant l’étrange à l’invraisemblable, l’imaginaire au merveilleux. Expressifs, ils le sont sans feindre d’en jouer sans exagération. Le pianiste grimé semble sortir d’un songe, les mains se détachent des bras et composent une chorégraphie improvisée à chaque nouvel air interprété. La musique, une partition écrite entre firmament et abysses.
Des volutes de fumée se répandent sur la scène et au milieu sous la projection d’un filtre de lumière, le piano se dresse tel la proue d’un bateau éperonnant l’écume des vagues. Fred Parker, assis à l’instrument, se lance dans une course-poursuite musicale alternée d’interrogations et d’insondable. De nulle part, l’écho de pas résonne à faire frémir les plus téméraires. Tout à coup, de l’ombre glisse un physique d’une stature impressionnante. Sous une lumière blafarde, l’homme apparaît couvert d’une redingote défraîchie et le port du chapeau, ajusté ad hoc, souligne une notoriété passée.
En front de scène, l’homme murmure des propos à peine audibles, ses yeux errent à la recherche d’une histoire. La sienne, certainement égarée dans les méandres de souvenirs vivifiés par la douleur et l’oubli.
Aux paroles, s’accompagne une musique inventive absorbant la scène dans un univers peuplé de personnages extraits de la mythologie et de la fiction. Le récit monte en puissance au fur et à mesure que l’homme revit des abysses et des déserts qui ont jalonné son existence de capitaine de navire et de prisonnier victime de son destin.
Sur le port de New Gates, vivent des restes de vieux marins exhumés aux turbulences de la vie et des océans traversés. Semblables à des carcasses échouées sur le port, Yanowski les observe avec réserve, il les frôle sans les toucher par respect. Il connait ces êtres au teint buriné dont les histoires ont toutes en commun, la mer. Elles s’accrochent à leur inconscient comme le sel à la coque des bateaux.
Dans la pénombre d’une ruelle voisine, une voix lui susurre "N’y allez pas, n’y allez pas". D'où vient-elle ? Qui est-elle ? Pourquoi ?
Le capitaine doit partir le lendemain avec ses hommes vers une lointaine destination, laquelle impose de passer par un point indétournable, le 32e parallèle.
Dans le récit, Yanowski hausse le ton avec véhémence à l’image des marins qui hissent les voiles pour que le vent les pousse complice à contre-cur sans contre-courant vers la désillusion.
Fred Parker, dans l’ombre du capitaine,réagit promptement au doigt et les touches du piano se dévoilent sans résister.
La mise en scène ne se raconte pas comme dans une chronique de pièce de théâtre classique ou contemporaine. Dès à présent, le conte s’installe dans la voix du comédien pour ne plus la quitter. Les brumes investissent le plateau par épisodes réguliers et invitent à partager l’histoire de ce capitaine au long cours. Les ardeurs du soleil, les déluges et les tempêtes affranchies des colères du ciel n’ont pas eu raison de l’homme. La folie martèle ce corps puissant sans l’entraîner dans les profondeurs abyssales d’où il ne respirerait plus rien de lui.
Que d’épreuves traversées ces années durant à bord de son navire. La rencontre avec ce petit être improbable qui vient le défier à tribord n’est pas faite pour le rassurer. Cette confrontation rappelle étrangement les recommandations de Circée à Ulysse, affairé aux préparatifs de l’Odyssée avec ses hommes, d’aller écouter l’oracle de Tirésias le devin. Le 32e parallèle, que réservera-t-il au capitaine et à son équipage ?
Vingt ans se sont écoulés. De vagues âmes errent sur les quais du port, les ruelles alentour n’ont pas changé. Un homme y promène son physique imposé des circonstances et des douleurs de la vie. Pour tout refuge, un porche à tout vent lui tend l’hospitalité. Dans l’obscurité, l’écho de pas résonne à ne plus faire frémir un ancien capitaine de bateau. Un homme passe devant le porche et une petite voix s’apprête à lui susurrer "N’y allez pas Capitaine, n’y allez pas".
Ce premier volet de Vagabonds des mers de la série des Contes du mirage pousse l’imagination au-delà des limites de l’ineffable beauté du temps. Rêve et réalité dessinent une géométrie de lignes parallèles entre lesquelles l’homme déambule son existence durant sans les voir du fait de leur imperceptibilité. Un jour, l’homme se voit contraint d’affronter les rugissants du 32e parallèle. Résistera-t-il aux assauts de la nature ? |
 |
 |
Mis à jour le 12/04/2013
|
|
 |
|
|