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     Les Etoiles d'Arcadie
Théâtre du Soleil (PARIS)de Olivier Py
Mise en scčne de Xavier Bonadonna
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 La seule manière de vivre est de vivre poétiquement. Vivre suffit !
En 2005, Olivier Py crée Les Etoiles d’Arcadie. Cet auteur, comédien, metteur en scène, directeur de théâtres nationaux, est une figure incontournable de la scène française actuelle. Au regard de son uvre et de son univers, il est avant toute chose un poète moderne dont les yeux sont grands ouverts sur la beauté et la réalité de ce monde. Il écrit, met en scène et interprète de véritables épopées. Ces personnages sont des humains au destin de héros, proches des demi-dieux de l’Olympe.
Cinq ans plus tard, Xavier Bonadonna a le projet quelque peu fou et ambitieux de monter la magnifique pièce d'Olivier Py, Les Etoiles d’Arcadie pour son projet de fin d’étude aux cours Florent. On peut dire que ce jour-là , il a été inspiré. Avec passion, intelligence, critique, acharnement et beaucoup de travail, Xavier Bonadonna et son équipe ont monté un spectacle prenant et marquant.
Pour la neuvième édition du festival Premiers Pas à la Cartoucherie, les mots d’Olivier Py résonnent au travers des jeunes comédiens diplômés du Cours Florent dans le beau théâtre du Soleil. Succulent !
L’histoire est portée sur la réflexion du pouvoir et de son image. Qui détient réellement les ficelles du pouvoir ? Quel sont les rapports entre la marionnette et le marionnettiste ? Qui contrôle qui ? Florian, un jeune homme, prend l’opportunité qui se présente à lui et se fait passer pour le prince exilé du royaume d’Arcadie. Aidé de jeunes révolutionnaires qui souhaitent renverser le gouvernement du dictateur actuel, il revient au pays pour se faire proclamer roi. Mais celui qui dirige n’est pas celui que l’on croit. Ferrare, le haut ponte de la mafia, a tous les pouvoirs. Son autorité secrète est suprême mais son existence est vide. Florian devra s’allier au mafieux, jouer de son image, parjurer, mentir, manipuler les hommes pour obtenir ce qu’il veut. Tout cela, il le fera avec le sourire. Un sourire dérangeant, attractif et dangereux. Les gens qui croiseront ce sourire en seront bouleversés et transformés à jamais.
Les mots à la fois poétiques et très percutants d’Olivier Py apportent une réflexion sur la vie et l’Homme. Le contexte de l’accession au pouvoir ouvre sur de nombreux domaines. Les Etoiles d’Arcadie traite également du mensonge, du complot, du ressentiment, mais aussi de l’amour. Il est indiscutable que les textes de Py sont forts et violents ; mais ils sont aussi très beaux, sincères et vivants. La vie n’est pas bonne ou mauvaise. Comme le dit Xavier Bonadonna (diplômé en architecture et scénographe aux Beaux-Arts de Paris), "l’ombre délimite la lumière pour la manifester". Aussi, retrouve-t-on beaucoup d’amour entre les personnages. Un texte d’une telle puissance et d’une grande beauté qu’il fait rayonner les comédiens. Sur le plateau, ils sont tous beaux.
Pourtant l’univers est celui des manigances du pouvoir, des meurtres, du proxénétisme et de la folie. Les femmes n’ont pas la part belle. Elles sont misérables et prostituées, malmenées par les hommes et réduites à l’état de chair, de marchandise. Mais les comédiennes défendent leur rôle et soutiennent le texte et ses dénonciations. Elles ne sont en aucun cas vulgaires ou ridicules ; elles sont belles, justes et touchantes.
Les comédiens quant à eux sont impliqués. Même si l’équipe compte 13 comédiens sur le plateau, ils jouent bien souvent plusieurs rôles. La pièce d’Olivier Py est riche en personnages, tout comme la vie. Un long travail fait en amont permet une interprétation vraie et juste du texte. La poésie est transmise simplement avec sincérité. Les situations s’enchainent avec aisance, les comédiens sont perspicaces et connectés.
La mise en scène est réfléchie. Evolutive, simple et efficace. Des praticables de différentes hauteurs devenant murs, lit, table... une petite cabane pour différentes entrées et sorties. L’espace est ouvert et bien utilisé. L’immense plateau, la fosse et les coulisses permettent d’agrandir le jeu. Ainsi l’univers de la pièce ne se restreint pas aux planches de la scène mais englobe le public. Très judicieux car la réflexion sur notre monde en est d’autant plus grande qu’elle est proche du public au point de pratiquement la toucher.
Une musique originale accompagne les comédiens. Benjamin Gazzeri, musicien de talent, offre des ambiances jazzy au piano ou plus profonde à la basse. François Michonneau, jouissif dans le rôle de Ferrare le mafieux tourmenté, ouvre et ferme le spectacle par la mélodie de son accordéon. C’est prenant !
Fort de sa performance théâtrale de 24 heures, lors de la représentation de La Servante, histoire sans fin au Festival d’Avignon en 1995, Olivier Py nous a habitué à des pièces d’une durée plus proche de l’opéra, qu’il affectionne tout particulièrement. Les Etoiles d’Arcadie de la compagnie Pan ! ne peut déroger à cette règle. Le texte est magnifique et très dense. Bien qu’il ait déjà subi des coupes, certaines scènes restent un peu trop longues. Le rythme est soutenu, les acteurs investis, il est très difficile de s’ennuyer ou de décrocher ; cependant certains monologues semblent redondants et sans fin. Olivier Py, à la manière de William Shakespeare, utilise un style poétique très imagé. C’est beau, intense mais la masse de texte, tellement riche et complexe, perd de temps à autre le spectateur. Plusieurs visions du spectacle sont nécessaires pour en comprendre toutes les subtilités et tous les enjeux.
Un projet ambitieux, de jeunes comédiens investis, des idées malines, un texte poétique et percutant, Les Etoiles d’Arcadie de la compagnie Pan ! est une réussite ! Un spectacle qui mérite sa place au prochain Festival d’Avignon. Une création qui mérite d’être présentée sur de nombreuses scènes en France et à l’étranger. Une mention toute spéciale à Orphée (majestueux canard) qui nous régale d’une performance classieuse et toute en finesse. |
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Mis à jour le 11/12/2012
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