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 L’amour selon Tchekhov : des coups, des cris et des baisers.
La cie des Moutons noirs met en scène trois saynètes d’Anton Tchekhov sur un petit tréteau de commedia. Des uvres drôles et légères dans le répertoire de l’auteur russe : La Demande en mariage, Les Méfaits du tabac et L’Ours. Sur scène, les artistes nous offrent ainsi une nouvelle vision des textes de Tchekhov. Des textes extrêmement bien transmis, dont on comprend ici toutes les nuances, les jeu de langage et les allusions.
Les comédiens sont très bons. Leurs personnages sont convaincants et remplis ; ils vivent. Tchékhov, dont le nom est souvent associé à Stanislavski, serait ravi. Paola Secret et Romain Chesnel incarnent tous deux, plusieurs rôles. De Natalia au tout début de la pièce, Paola devient Popova. Cette comédienne est sincère sur scène. C’est avec succès qu’elle passe de l’interprétation d’une paysanne à l’accent marqué et au langage fleuri, à une dame bourgeoise accablée de chagrin par le décès de son époux. Romain, lui, passe de Tchouboukov, un père de famille imposant, corpulent, porté sur la boisson et qui s’emporte facilement, à Luka, le serviteur de Popova, un vieux monsieur courbé, tremblant et fatigué au cur fragile. Belle performance d’acteurs, très agréable à observer. Bertrand Saunier est un Smirnov convaincant et juste. De plus, c’est un capitaine à la retraite très séduisant. Mais le personnage le plus touchant est celui de Nicotine de Yannick Laubin. Lors de l’entracte, il nous interprète Les Méfaits du tabac avec une telle justesse et une telle sincérité qu’il en est touchant. Comment ne pas être ému et pris d’affection pour cet homme rabaissé par sa femme qui rêve de s’enfuir et de retrouver sa dignité ?! Il passe en peu de temps par tant d’états de manière si naturelle et logique. Avec fluidité, il est timide, s’amuse de ses blagues, révolté, rêveur, terrifié... Sa prestation est courte mais remarquée.
L’entracte est une idée originale est amusante. Puisque La Demande en mariage se conclut sur un mariage annoncé, les comédiens offrent au public un verre de cidre en musique pour célébrer l’évènement et préparer le plateau pour L’Ours. Le spectateur est inclus dans la pièce de théâtre. Il fait presque partie de la famille.
L’univers de la commedia se retrouve par le jeu sur tréteaux et également dans l’unique masque de cette uvre. Stephano Perocco Di Meduna, le créateur, a fabriqué un nez pour le personnage de Tchouboukov. Le père de Natalia devient ici une sorte de gros cochon sympathique.
Les costumes sont dans la lignée de l’esprit commedia, simples, efficaces, influencés par le XVIIIe siècle.
La musique, présente par la violoniste de talent, Mathilde de Groot Van Embden, est jouée en direct. Les morceaux sont parsemés tout au long de l’uvre. C’est envoutant et bien plus agréable.
Les Amours est une création intelligente et subtile. Un beau travail de création et d’interprétation. Attention toutefois aux petites longueurs. On en trouve à certains moments lors des monologues dans L’Ours. Ils sont minimes mais provoquent une petite baisse d’un rythme jusque-là parfait dans toute la pièce.
La compagnie des Moutons noirs crée ici un bel univers. Cela donne envie d’en voir plus. |
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Mis à jour le 13/07/2012
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