 Une âme de femme
Une Histoire d’âme, c’est le monologue d’une femme, Viktoria, fille d’un évêque et femme d’un pasteur. Elle se confie, telle une actrice face à son public (les allusions au métier de comédienne reviennent d’ailleurs régulièrement dans la pièce), raconte ses joies et ses peines, son enfance, la relation avec son mari qui la trompe et la repousse. Sa logorrhée dure un peu plus d’une heure, durant laquelle surgissent des bribes de vie, mais aussi des réflexions sur elle, des tentatives d’introspection. Pour cela, elle s’adresse aux absents : ses parents, son mari, vivants ou morts.
A travers ce monologue, écrit en 1972 et dont Bergman voulait faire un film, l’auteur questionne l’âme humaine. La personnalité multiple et complexe de Viktoria peut trouver des résonances en chacun de nous. Cette universalité du propos, quoique l’époque évoquée soit ancienne (le début du XXe siècle, et donc de la psychanalyse), permet que l’émotion prenne. Incarnée par une Sophie Marceau très naturelle, tantôt femme séductrice, tantôt petite fille désemparée, cette héroïne bergmanienne est, en effet, touchante, mais aussi, parfois, drôle. Le ton de la pièce de Bénédicte Acolas n’est, en tout cas, pas larmoyant.
La metteuse en scène souhaitait montrer l’histoire d’une femme qui joue et rejoue sa vie sur scène, sincère et souffrante, tout en explorant le dédoublement de sa personnalité. Elle centre donc toute sa mise en scène sur elle. Le décor est minimaliste ; seuls des panneaux métalliques structurent l’espace pour symboliser le paysage mental de Viktoria, enfermée et libre à la fois. Ce dénuement de la scène invite à écouter attentivement le texte de Bergman et la voix de Sophie Marceau. C’est un beau moment lyrique. |