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 Mort et transfiguration...
La mort, le deuil sont des éléments essentiels de l’uvre de Wajdi Mouawad, éléments qu’il a su intégrer puissamment à la modernité de son théâtre. S’y ajoute dans Pacamambo le difficile passage de l’enfance à la préadolescence pour une toute jeune fille soumise à une rude épreuve : la mort d’un être cher entre tous.
Julie, 12 ans, a perdu sa grand-mère Marie Marie, la personne qu’elle aimait le plus au monde. Marie Marie, un soir, c’est la lune qui est venue la chercher... pour l’emmener au pays de Pacamambo... ce pays où chacun de nous est en même temps tous les autres : le pays de l’empathie totale. Révoltée par cet événement et accompagnée de son chien qu’elle appelle Le Gros, Julie se réfugie avec sa grand-mère ou plutôt sa dépouille mortelle dans une cave de l’immeuble. On la retrouvera au bout de trois semaines, couchée auprès de Marie Marie en état de décomposition avancée dont elle a tenté de préserver l’aspect humain à force de maquillages...
A la psychiatre qui a dû la prendre en charge, Julie finit par raconter cet étrange voyage qu’elle a accompli. Vers Pacamambo, qui apparaît comme la représentation mentale d’un paradis perdu, mais aussi et surtout vers une certaine maturité affective et intellectuelle au-delà de sa profonde révolte contre la mort, cet événement qui fonde le tragique de toute vie et qui, probablement, en justifie la dimension spirituelle.
La mise en scène intelligente et imaginative de Marie Provence qui interprète aussi la Mort car la Mort au théâtre est bel et bien un personnage est chargée d’images fortes et de symboles jusqu’à l’onirisme et au fantastique. Avec des moyens matériels limités, elle nous donne à voir, à vivre ce voyage dans le monde intérieur de Julie, ses découvertes de l’univers post mortem. Ici, derrière les éléments visuels et sonores au service de la mise en scène, la mort se définit bien comme l’épreuve terminale destinée à aider l’être humain à transcender la souffrance d’une séparation que l’on pense définitive. Au-delà de ce point de non retour, et au terme de cette expérience, il ne reste que l’amour, l’amour de la vie et des êtres, et c’est l’essentiel...
Dans le personnage de Julie, Marion Duquenne fait preuve d’une forte sensibilité et d’une belle présence. Francesca Giuliano la grand-mère, Jean-Jacques Rouvière le chien et Sophie Lacoste la psychiatre, complètent très bien la distribution. Voilà un spectacle essentiel, riche de signification et souvent bouleversant que l’on aimerait bien revoir lors d’un prochain Festival d’été à Avignon. |
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Mis à jour le 15/04/2011
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