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Des vacances vraiment d'enfer avec les Chevaliers du Fiel
Cette première vraie pièce du tandem Eric Carrière et Francis Ginibre va certainement cartonner un max. Les duettistes toulousains n’y vont pas de main morte et vous assènent en une heure et demie le show le plus déjanté, le plus spirituel, le plus délirant de la décennie. Le mot n’est pas trop faible.
Voyez un peu. Les Lambert, un couple lambda de français moins que moyens, gagnent une croisière à thème en Egypte avec, comme fil conducteur, un hommage funèbre appuyé à Claude François. Partira ? Partira pas ? Pas très enthousiaste le vendeur de légumes... Qui va inventer un subterfuge qui sent le gaz à plein nez pour retarder l’embarquement.
Dès ce moment, la machine, Ă©crite de main de maĂ®tre par Eric Carrière, huilĂ©e comme les meilleures pièces de Feydeau – on pense souvent Ă La Puce Ă l’Oreille –, s’emballe. Tout y passe dans une caricature appuyĂ©e du show-bizz, de la vie familiale passĂ©e au vitriol (avec un plombier et une belle mère comme on n’en fait plus, quoique...) ou un curĂ© obsĂ©dĂ© sexuel (comme on en fait toujours...) et des vĂ©ritĂ©s Ă la petite semaine assĂ©nĂ©es comme des coups de poing et que l’on devrait Ă©tudier dans tous les cours de philo. En prime, quelques expressions ou maximes qui risquent bien de passer Ă la postĂ©ritĂ©. Entre "chienticide" ou femmes comparĂ©es Ă des machines Ă sous, vous l’aurez compris, on nage en plein surrĂ©alisme. Fous rires garantis Ă la clef.
Avec un sens innĂ© du théâtre, les deux compères, qui se sont forgĂ©s eux-mĂŞmes Ă la rude discipline de la scène, politiquement incorrects, enchaĂ®nent rĂ©pliques choc et acides, clins d’œil appuyĂ©s mais tellement efficaces Ă l’actualitĂ© vaticanesque, avec en prime un joli travail sur le dĂ©doublement de personnalitĂ© alla Fregoli qui permet de remettre les aiguilles Ă l’heure pour ceux qui ne voient en ces Chevaliers du rire que de simples mais efficaces acteurs-auteurs de cafĂ©-théâtre. Les atrabilaires Ă ce genre de spectacle devraient nous donner un cours pour nous expliquer la diffĂ©rence...
Sortant des clichĂ©s habituels des travestis, Eric Carrière s’est taillĂ© un rĂ´le Ă sa carrure d’athlète. Jamais gros, jamais gras dans la composition, sa Martine, finement croquĂ©e dans l’outrance – tout comme son plombier brut de dĂ©coffrage au langage ordurier (cette insulte vantant les joies de la sodomie passive fera toujours mouche) – est une "hĂ©naurme" composition.
Le comĂ©dien s’en donne Ă cœur joie et met, dès son apparition, le public dans sa poche. Son mari, Christian / Francis Ginibre, son streap tease a fait pâmer d’aise ma voisine de gauche et mon voisin de droite, n’y va pas par quatre chemins et vous campe un beauf, sa mère et un curĂ© frustrĂ©, avec un talent rare, digne des meilleurs sociĂ©taires du Français. L’ombre d’un Robert Hirsch plane souvent. Dès lors, tant pis si la scène de la confession Ă travers un grill sent le rĂ©chauffĂ©... d’autant que la rĂ©gie de Jean-Marc Longval pĂ©tille comme du meilleur champagne et vous entraĂ®ne, sans temps mort, jusqu’à l’apocalyptique conclusion.
Un chef-d’œuvre d’humour noir, Ă voir et revoir, qui va certainement s’affiner au cours des mois Ă venir avant le prochain verdict parisien. Ce spectacle, en ces temps de morositĂ©, devrait ĂŞtre remboursĂ© par la SĂ©curitĂ© sociale ! |
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Mis à jour le 02/05/2010
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