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Les Consciences Légères de Jérémie Boudinet
ComĂ©die dramatique     Environ 1 h 30



L’argument des « Consciences Légères » est d’une simplicité extrême, puisque l’on se contente de suivre les errements sentimentaux du jeune Céos entre deux femmes, Doris et Galatée. Si l’intrigue ne casse pas trois pattes à un canard par son originalité, l’enjeu se situe plutôt dans le rapport que notre héros entretient avec ses pensées, divulguées et traduites par quatre Consciences intérieures. Ce sont leur rôle et utilité qui sont ici questionnés.

Note de l'auteur. Les noms de nos personnages ont Ă©tĂ© tirĂ©s de la ThĂ©ogonie d’HĂ©siode, afin de pointer vers les concepts qu’ils incarnent, tout en les dĂ©tachant d’une contemporanĂ©itĂ© ou d’un rĂ©alisme qui ne seraient que peu convaincants. Les quatre Consciences – Onère, OĂŻzys, Éris et MĂ´me – sont issues de la mĂŞme lignĂ©e, enfants de Nyx (Νύξ ; la Nuit), ce qui donne Ă  leurs Ă©changes rĂ©ciproques une sensation de connivence immĂ©diate et insondable, en particulier pour leur hĂ´te, CĂ©os.Ces Consciences pourront ĂŞtre interprĂ©tĂ©es au choix par des comĂ©diennes ou des comĂ©diens, et ce indistinctement du genre que la mythologie grecque a pu apposer aux divinitĂ©s originelles piochĂ©es chez HĂ©siode. La mixitĂ© de genre dans l’interprĂ©tation des Consciences est mĂŞme conseillĂ©e, si cela permet de varier les interactions et composantes de jeu.J’ai d’ailleurs volontairement gommĂ© les dĂ©sinences en « -os » des prĂ©noms masculins (Onère et MĂ´me) par rapport aux traductions du texte grec d’HĂ©siode, mais ai fait le choix de garder les dĂ©sinences fĂ©minines (OĂŻzys et Éris) pour des raisons sonores et esthĂ©tiques. Cela ne me semble pas choquant outre mesure, puisque certains personnages de la mythologie grecque ont pu voir la graphie de leur nom ĂŞtre altĂ©rĂ©e de cette manière (Σίσυφος devenu Sisyphe et non Sisyphos par exemple) sans que cela ne suscite de quelconques cris d’orfraie.Il convient cependant de veiller Ă  maintenir l’usage du genre fĂ©minin pour nommer et dĂ©signer les Consciences, puisqu’elles s’identifient et se reconnaissent comme telles. Si l’emploi du fĂ©minin peut sembler curieux pour un rĂ´le pouvant ĂŞtre jouĂ© par un comĂ©dien masculin, c’est avant tout pour « dĂ©genrer » les Consciences et unifier leur essence conceptuelle. Les quelques usages du genre masculin dans le texte sont volontaires et n’ont pas vocation Ă  ĂŞtre transposĂ©s.L’atmosphère de la pièce doit ĂŞtre mouvante et incertaine. RĂ©alitĂ© et dialogues intĂ©rieurs se heurtent, se renversent tantĂ´t avec brutalitĂ© ou avec douceur, et l’on doit osciller sur ce pendule sans jamais trop connaĂ®tre sa position, son rythme ou son amplitude. L’absurde et le sensĂ© se brouillent, non pour annihiler toute signification, mais, au contraire, pour rĂ©vĂ©ler la nature modeste et hasardeuse de celle-ci.4Que ce soient les Consciences qui dĂ©terminent l’action des personnages « rĂ©els » ou bien l’inverse n’importe que peu. C’est un voyage hĂ©sitant que l’on se doit de proposer, oĂą la cruditĂ© des pensĂ©es cĂ´toie leur complexitĂ©, oĂą le rythme se casse, puis se prĂ©cipite. L’objectif n’est pas de crĂ©er la confusion par le chaos, mais de montrer que l’on construit nos actes – et le sens qu’on leur accole – Ă  partir de bien peu de choses.Les Consciences sont ondoyantes et animĂ©es au grĂ© des rĂ©flexions de CĂ©os, dont elles reflètent physiquement l’agitation et les hĂ©sitations. Leurs dialogues peuvent s’entrechoquer comme autant de contradictions qui se manifestent dans l’esprit du jeune homme. Le plus important pour le metteur en scène ou le lecteur est de garder Ă  l’esprit que les Consciences n’ont pas vocation Ă  rester statiques. Elles n’existent qu’en tant que vecteurs d’émotions ou de pensĂ©es.Nul besoin que les costumes et maquillages ne viennent grossièrement souligner leurs quatre personnalitĂ©s, car ce sont leur unitĂ© et complĂ©mentaritĂ© – au-delĂ  des diffĂ©rences de leurs caractères – qui doivent ressortir.Le dĂ©cor unique – un salon d’appartement avec coin cuisine – se veut modeste en termes d’arrangement et d’équipement. Il doit comporter une porte vers la sortie de l’appartement (Ă  cour) et une autre pour aller vers la chambre (Ă  jardin). Des jeux de lumière peuvent appuyer les passages entre rĂ©alitĂ© et conscience de CĂ©os lorsqu’il est avec d’autres personnages « rĂ©els », tant que cela ne vient pas ralentir l’action ou gĂŞner la comprĂ©hension.Du fait que Doris n’apparaisse que très peu dans la pièce, il est possible de faire interprĂ©ter son rĂ´le par la mĂŞme comĂ©dienne que celle jouant GalatĂ©e, Ă  condition que les apparences et personnalitĂ©s des deux NĂ©rĂ©ides puissent ĂŞtre suffisamment diffĂ©renciĂ©es. De la mĂŞme manière, le rĂ´le de Pothos peut ĂŞtre Ă©ventuellement endossĂ© par un comĂ©dien assurant dĂ©jĂ  celui d’une Conscience, si tant est que les dialogues soient redistribuĂ©s en consĂ©quence et que l’artifice soit rendu crĂ©dible en sĂ©parant clairement les deux personnages, qui ne doivent jamais ĂŞtre confondus.

Cette fiche-théâtre a été enregistrée par JĂ©RĂ©Mie Boudinet. JĂ©rĂ©mie Boudinet est l'auteur de trois pièces, dont les problĂ©matiques sont centrĂ©es sur l'introspection, l'Ă©chec de la recherche de sens et la place que l'humain doit occuper face Ă  l'univers. Les Consciences LĂ©gères - ComĂ©die (2020) Le Serment d'HĂ©cate - Anti-tragĂ©die philosophique (2019) Invisibles - Drame en rimes (2018)

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