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Huit Claude de Grégoire Aubert
ComĂ©die dramatique     Environ 1 h 15



La mort de Claude Martin, 60 ans et des poussières, déclenche une vraie guerre de succession. Celle liée à son patrimoine bien sûr. Mais succession de témoignages aussi, où les huit femmes de sa vie vont raconter par bribes cet homme énigmatique. Et s’affronter, autour de la dépouille... Construit tel un puzzle, "Huit Claude ou la vie fragmentée d’un boiteux" oscille entre l’enquête policière, le délire d’une psychanalyse incontrôlée et la pure comédie aux dialogues ciselés. L’absurdité assumée des situations vient s’ajouter au mystère de ce portrait elliptique. Un ovni théâtral déjanté.

Note de l'auteur. En amont, je me suis laissĂ© guider par des images, des ambiances. Le titre m’est apparu comme une Ă©vidence. Au-delĂ  d’un jeu de mot amusant, ce "Huit Claude" influença toute l’écriture qui suivit. Sur un mode dĂ©calĂ©, il fait Ă©videmment rĂ©fĂ©rence au monument de Sartre (Huis-Clos) ainsi qu’à la comĂ©die policière de Claude Thomas remise au goĂ»t du jour par François Ozon (Huit femmes). En clair, rĂ©unissant sous une mĂŞme bannière le rapport Ă  la mort (les autres, l’enfer) et les secrets ou les affrontements de ces femmes confrontĂ©es Ă  la disparition du mâle dominant. Puis, l’écoute rĂ©pĂ©tĂ©e de la bande-originale des "Tontons flingueurs" apporta un Ă©clairage neuf, une ironie permanente qui nourrit en profondeur l’intonation gĂ©nĂ©rale du projet. Il fut ensuite plus aisĂ© de laisser libre cours Ă  mon imagination. L’idĂ©e maĂ®tresse fut de dessiner le portrait d’un homme. Un portrait parcellaire, imparfait. Incomplet. Mais dans un cadre dĂ©fini. Les interrogatoires policiers ainsi que les sĂ©ances de psychanalyse font partie intĂ©grante de l’arsenal de cette comĂ©die qui se veut loufoque. Mais qui sait Ă©galement prendre son temps. Les silences rĂ©currents et les rĂ©pĂ©titions chroniques installent une atmosphère goguenarde. Et nous sommes dans une mĂ©canique proche de la folie douce lorsque ces femmes, qui portent toutes le prĂ©nom de Claude (sic), doivent faire connaissance... La pièce essaye ainsi de dĂ©velopper la variĂ©tĂ© des effets et des univers bien distincts. "Huit Claude ou la vie fragmentĂ©e d’un boiteux" est un exercice de style amusĂ©, Ă  la construction dramaturgique rieuse s’appuyant sur une Ă©vidence : il n’y a aucune vĂ©ritĂ© incompressible dans les rĂ©cits, les biographies ou ne serait-ce que dans les mĂ©moires. A quoi se rĂ©sument un caractère, une existence ? Quel souvenirs laisse-t-on dans l’esprit de celles et ceux que nous avons cĂ´toyĂ©s ? Nous trouvons alors autant de vĂ©ritĂ©s que de tĂ©moignages. La surprise de la pièce ne provient pas nĂ©cessairement de l’histoire Ă  proprement parler – assez simpliste bien que le Claude central soit aussi Ă©nigmatique que peu frĂ©quentable – mais de la neutralitĂ© elliptique dont nous est rapportĂ© le rĂ©cit. Jamais les personnages ne sont jugĂ©s. Ils possèdent en eux suffisamment de dĂ©rision et de cynisme (de failles et de circonstances attĂ©nuantes aussi) pour ne pas avoir Ă  subir les partis-pris de l’auteur. L’amusement suprĂŞme est d’espĂ©rer qu’à la fin, les spectateurs auront vu un vrai spectacle, auront eu de vrais fous rire, auront partagĂ© un vrai rĂ©cit... mais que chacun d’entre eux portera un regard unique, aura une interprĂ©tation diffĂ©rente de ce qu’il aura vu ou entendu.

Cette fiche-théâtre a été enregistrée par GrĂ©Goire Aubert. Plus d'infos sur : [site] Gardois depuis 2003, j'enchaĂ®ne les productions en se partageant entre le jeu et l’écriture. Auteur de plus de 30 pièces, mes textes sont jouĂ©s un peu partout en France et au-delĂ  (Canada, Belgique), par des compagnies professionnelles ou amateur. Pour ces dernières, j'ai dĂ©jĂ  Ă©crit plusieurs comĂ©dies avec des distributions importantes et modulables. Les sujets les plus divers m’inspirent. En tant qu’auteur rĂ©gulièrement Ă©ditĂ©, j'ai alternĂ© le drame et la comĂ©die. Mais dans le rire comme dans les larmes, il me paraĂ®t essentiel d'Ă©viter l’écueil de la vulgaritĂ© et de la facilitĂ©.