Mario rentre de son travail. Plutôt maussade, voiture en panne justement le jour où il en ramène à la maison. Du travail. Catherine n'apprécie pas. Ce n'est pas parce qu'on exerce une profession libérale qu'il faut mélanger le boulot et la vie de couple. Bon, on s'installe et on attend la confrontation passionnelle qui ne va pas manquer de suivre. Erreur ! Ces deux-là n'ont pas vocation à se déchirer: Ils s'aiment. Les scènes de ménage ne font pas parti de leur quotidien ; ils ne savent même pas en reconnaître une quand elle se présente ! Alors ? Tout beaux tout gentils ? Couple idéal ? Ben... C'est pas aussi simple... Il y a leur métier... Ah ! Et qu'est-ce qu'il fait dans la vie ce gentil couple ? Euh... Tueurs à gages... Hou-là!... Tout vilains tout méchants, couple infernal alors ? Ben... C'est un peu plus compliqué. Ils ne tuent que des très méchants... Quand même !... Et l'autre là, c'est qui ? Hein ? … Ah, celui-là !... Euh... Ben, c'est... Le fantôme. Pétard ! Et qu'est-ce qu'il fait, toujours assis dans le fauteuil ? Euh... Je crois qu'il attend. Enfin, il attend pas vraiment. Parce que le temps c'est pas comme ici, là où il est... C'est pas clair tout ça !... Et les animaux, alors, pourquoi ils ne regardent pas les étoiles ? Ah ben là, ça va être trop compliqué... Il faut mieux lire l'histoire, hein... Parce que là, non, c'est trop... En fait, je ne sais pas, moi... Il faut lire, c'est tout.

Note de l'auteur. Comédie dramatique en trois actes. Nombre d'acteurs : Trois. Une femme, deux hommes. Décor minimum : un canapé face au public, un bureau avec chaise et PC (ou portable) et un fauteuil visible du canapé et à demi face au public. Accessoires : un cadavre frais, un flingue et des vêtements ridicules.

Cette fiche-théâtre a été enregistrée par Michel Ples. Pas de palmarès éloquent, pas d'études brillantes , aucune ambition, une paresse lancinante et un encrage dans le réel très aléatoire; S'il n'y avait l'écriture, ce plaisir très solitaire, le genre de plaisir qu'on préfère ne pas analyser - pour continuer à en savourer le sel -, la moitié de ma vie serait un tantinet tristounette... L'écriture pour le théâtre, j'y suis venu par hasard. Un acteur amateur de mon entourage à qui je reprochais ses choix en matière de pièces de théâtre, pièces que je trouvais insipides, mal foutue, même pas drôles etc..., m'a mis vertement au défi d'en écrire une, pour lui et pour une de ses acolytes. Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Trois, quatre mois de... travail ? Et le manuscrit fut livré, non mais ! Et reçu... Moins chaudement que je l'avais désiré mais pour une première je m'en tirais pas trop mal, qu'on en juge: Sur quatre avis d'acteurs amateurs, un, que j'attends toujours, un, "c'est bien mais trop littéraire" (???!!), un autre, "injouable" et le dernier," génial! Quel talent! Je veux faire la mise en scène!" (Non, ce n'est ni ma femme ni mes enfants; hors jury!) Reste le véritable coup de foudre pour cette forme d'écriture très contraignante, technique et jubilatoire. Et vivante, oh combien! Vite, la prochaine idée! Quant à la deuxième moitié de ma vie: 56 ans, ouvrier smicard, fiancé depuis vingt cinq ans, deux enfants et... Plutôt du genre Alexandre... Vous savez...? le bienheureux. La troisième moitié ressemble à une page blanche... Qui n'attend que mon bon vouloir.

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