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L'Ecole du Crime de Daniel Pierrejean
TragĂ©die     Environ 1 h 45



Depuis le 24 mars 1976, l'Argentine, pays de Juan Manuel Fangio, le champion automobile et celui du tango, s'enfonçait dans la dictature. Une junte militaire avait pris le pouvoir par un coup de force, Ă  Buenos Aires, en dĂ©posant la seconde femme et veuve du gĂ©nĂ©ral PĂ©ron, Isabellita PĂ©ron. Sous l'impulsion de Washington, c'Ă©tait toute l'AmĂ©rique latine qui avait basculĂ© sous le joug des militaires : des gĂ©nĂ©raux au BrĂ©sil Ă  Pinochet au Chili, Ă  Strœssner au Paraguay, Ă  la Bolivie oĂą avait Ă©tĂ© abattu le "Che", en octobre 1967, en passant par l'Uruguay... Partout, l'armĂ©e faisait rĂ©gner sa loi. Des Etats d'exception qui n'en finissaient pas de bafouer ouvertement les Droits de l'Homme. L'AmĂ©rique de Nixon avait d'ailleurs ouvert des Ă©coles de la contre-guĂ©rilla et de l'antisubversion, au Panama, oĂą venaient se former les jeunes officiers des Etats sud-amĂ©ricains. Au Chili, tout avait commencĂ© par une grève des camionneurs financĂ©e par la CIA, les services secrets amĂ©ricains, paralysant le pays qui s'Ă©tait donnĂ© un prĂ©sident socialiste, Salvador Allende. Puis, le 11 septembre 1973, le chef d'Ă©tat-major de l'armĂ©e chilienne, le gĂ©nĂ©ral Augusto Pinochet, avait envoyĂ© l'aviation bombarder le Palais prĂ©sidentiel situĂ© au centre de Santiago. Allende, le prĂ©sident dĂ©mocratiquement Ă©lu, n'avait eu qu'une seule issue : le suicide. Dans la capitale chilienne, le stade avait Ă©tĂ© immĂ©diatement transformĂ© en un immense camp de dĂ©tention, oĂą l'on parquait, torturait, exĂ©cutait les syndicalistes et les opposants au rĂ©gime. Toutes celles ou tous ceux qui Ă©taient soupçonnĂ©s de sympathies communistes ou socialistes et mĂŞme des dĂ©mocrates-chrĂ©tiens Ă©taient arrĂŞtĂ©s, incarcĂ©rĂ©s et interrogĂ©s. MĂŞme le prĂ©sident de tendance politique centre droit, Eduardo Frei, sera arrĂŞtĂ© et retenu longuement par les forces anticommunistes et antimarxistes, comme ils se dĂ©nommaient pompeusement. AussitĂ´t, après avoir conquis le pouvoir, le gĂ©nĂ©ral Pinochet avait lancĂ© l'opĂ©ration "Condor", en liens Ă©troits avec les cinq autres pays d'AmĂ©rique latine, afin "d'Ă©radiquer" la subversion au-delĂ  mĂŞme des frontières. En effet, trois annĂ©es plus tard, en septembre 1976, Orlando Letelier, ancien ambassadeur du Chili Ă  Washington, Ă©tait retrouvĂ© mort et mutilĂ© au Sheridan Circle, le quartier des ambassades de la capitale amĂ©ricaine. Une bombe tĂ©lĂ©commandĂ©e avait fait exploser sa voiture... En Argentine, une politique de rĂ©pression allait ĂŞtre menĂ©e dans tout le pays, sous la direction des gĂ©nĂ©raux et des amiraux de la junte et sous l'Ă©gide de groupes paramilitaires de l'Alliance anticommuniste argentine (AAA). Des gĂ©nĂ©raux qui disaient "prĂ©fĂ©rer leur cheval Ă  un communiste". Des dizaines de camps d’internement s’étaient ouverts. L’armĂ©e arrĂŞtait en masse des opposants et des sympathisants de gauche, des communistes, des syndicalistes ou des individus soupçonnĂ©s abusivement. Une vĂ©ritable folie rĂ©pressive s'Ă©tait emparĂ©e du pays. Des personnes disparaissaient mystĂ©rieusement, sans laisser de trace. Et l'opinion publique internationale, les gouvernements occidentaux restaient Ă©trangement muets face Ă  cette situation. Le principal camp de la rĂ©pression se trouvait au sein mĂŞme de Buenos Aires. C’était l’Ecole supĂ©rieure de MĂ©canique de la Marine argentine (ESMA), situĂ©e dans les quartiers rĂ©sidentiels de la capitale. Toutes les nuits, des Ford Falcon, de couleur vert sombre, sans plaques d’immatriculation identifiables, sillonnaient silencieusement les rues et les avenues de la ville. C'Ă©taient les terribles commandos de la mort, dirigĂ©s notamment par le capitaine de corvette de la Marine argentine, Alfredo Ignacio Astiz, surnommĂ© "El Cuervo", "le Corbeau", et par Jorge Eduardo Acosta Aubone, appelĂ©, quant Ă  lui, "El Tigre". 30.000 personnes allaient disparaĂ®tre dont 5.000 entre les les murs de la sinistre ESMA. Des centaines de dĂ©tenus, dont on voulait effacer l'existence, Ă©taient larguĂ©s vivants, au large du Rio de Plata, au-dessus de l’ocĂ©an Atlantique, lors des sinistres "vols de la mort". Des femmes enceintes accouchaient en dĂ©tention. On leur arrachait leurs bĂ©bĂ©s sur ordre d’Astiz, et elles disparaissaient pour toujours. Quant Ă  ces enfants, ils Ă©taient placĂ©s dans des familles de militaires pour y recevoir une Ă©ducation de qualitĂ©... C'Ă©ait cela, avec bien d'autres choses encore, l'Argentine de la dictature militaire, entre 1976 et 1983. Et il a fallu la cuisante dĂ©faite de la guerre des Malouines pour abattre finalement la junte... En 1990, le capitaine de la Marine argentine, Alfredo Astiz a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  la dĂ©tention Ă  perpĂ©tuitĂ©, par contumace, par la Cour d'assises de Paris. Plusieurs mandats d'arrĂŞts internationaux Ă©manant de la France, de l'Espagne, de l'Italie, de la Suède, ont Ă©tĂ© lancĂ©s contre lui...

Note de l'auteur. Cette pièce théâtrale, L'Ecole du Crime, se déroule principalement entre quatre personnages. Alfredo Astiz, capitaine de la Marine argentine, chargé de la répression et des commandos de la mort à l'ESMA, Azecuna Villaflor de Vicenti, première présidente des Mères de la Place de Mai, et deux religieuses françaises, arrêtées et exécutées parce qu'elles aidaient les familles de disparus dans les bidonvilles de Buenos. L'essentiel de l'action se déroule entre les murs de l'Ecole de Mécanique de la Marine argentine (ESMA), principal lieu de la répression lors de la dictature argentine de 1976 à 1983.

Cette fiche-théâtre a été enregistrée par Daniel Pierrejean. Ecrivain, historien et scĂ©nariste, je suis Ă©galement passionnĂ© par le domaine théâtral. L'une de mes grandes passions est de faire revivre des personnages mythiques comme par exemple Antoine de Saint-ExupĂ©ry ou encore les Justes qui sauvèrent, pour certains d'entre eux, des dizaines de milliers d'ĂŞtres humains.

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