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De Mère en fille de Charlotte Boudault, Hébé Lorenzo, Patricia Montorier
ComĂ©die     Environ 1 h 15



Un huis clos acerbe, drôle et émouvant. Carmen, veuve depuis 35 ans, vit seule à Paris. Immigrée espagnole fraîchement retraitée, elle se doit d’accepter, un peu à contre cœur, l’arrivée de sa fille Anna, mère célibataire, et de sa petite fille Justine, pour les héberger. Justine débute ses études supérieures, et pour cela rejoint "la grande ville" accompagnée de sa mère peut-être trop possessive. Si chacune doit tout d’abord apprendre à cohabiter, ainsi qu’à fonctionner en trio, lentement, monte entre elles une tension sourde; toutes souffrent, sans savoir exactement pourquoi. Petit à petit, les trois femmes mènent une enquête de l’intime auprès des deux autres pour tenter de dévoiler, de déceler ce qui les a construites ainsi en douleur, dans le secret, dans les non-dits ou les semi vérités. Qui étaient ces pères, celui d’Anna mort si tôt, celui de Justine, parti avant même sa naissance? La violence s’impose alors petit à petit comme mode de communication, à travers la culpabilisation rampante, les reproches détournés, ou le refus d’accepter l’autre telle qu’elle est, pour enfin mettre à nu l’histoire familiale et découvrir l’origine de leur malaise, de leurs incompréhensions mutuelles. Comment se construire, et comment se construit-on lorsqu’on ne sait pas tout à fait qui l’on est ? Et quel chemin emprunter, lorsqu’on ne sait pas tout à fait d’où l’on vient ?

Note de l'auteur. Le texte de "De Mère en Fille" tisse des fils invisibles qui s’emmêlent autour d’un nœud gordien : comment se construire avec le poids du secret familial qui mine Carmen, sa fille Anna et sa petite-fille Justine ? Le style du texte est le "quotidien". Si la tension qui se crée entre les personnages est palpable, le risque de ce style pourrait être de jouer les situations de la même façon que les mots, c'est-à-dire en banalisant les relations, les émotions... Nous nous sommes employées donc, à rendre visible l’invisible et démesuré ce qui pouvait rester intimiste. A l’inverse d’une caméra qui, filmant du haut d’une grue, estompe toutes les aspérités de la scène qu’elle filme pour ne plus montrer que de minuscules fourmis trottant d’un point à un autre, nous avons rapproché la caméra suffisamment prés près pour que l’on puisse distinguer les séismes intérieurs qui secouent les personnages, les mouvements internes des âmes, les hurlements muets, les éclats de rire tonitruants qui pourtant ne perturbent pas le silence, les molécules qui s’entrechoquent... Ainsi, derrière l’anecdote et le quotidien se révèlent le visuel et le poétique. A la frontière du visible et de l’invisible, les images touchent à l’onirisme, et s’inspirent de l’esprit d’un Kusturica, d’un Fellini ou d’un Garcia Marquez.

Cette fiche-théâtre a été enregistrée par HĂ©BĂ© Lorenzo. En France depuis 30 ans jĂ©cris de pièces pour jeune public ainsi que pour adultes. Je dirige actuellement le Théâtre du Petit ChĂŞne Ă  Cluny , Bourgogne, lieu de Formation, crĂ©ation et diffusion. L'Ă©criture est pour moi une transposition du jeu Ă  l'Ă©criture.Les textes sont contemporains